
Le Français Samy Amimour, 28 ans, a été formellement identifié comme l'un des trois kamikazes du Bataclan. Retour sur le parcours d'un terroriste, ancien chauffeur de bus à la RATP, passé par la Syrie.
Qui est Samy Amimour, l'un des trois kamikazes du Bataclan ? Né à Paris en 1987,et élevé à Drancy, en banlieue parisienne, ce jeune français était bien connu de la justice et des services français.
Soupçonné de vouloir partir rejoindre une base-arrière du jihadisme, au Yémen, il est mis en examen en octobre 2012 pour "association de malfaiteurs terroristes", et placé sous contrôle judiciaire avec obligation de pointage et remise de son passeport. Des dispositions qui ne l'ont pourtant pas empêché d’échapper aux radars et de partir en Syrie en 2013. Pis, bien que visé par un mandat d'arrêt international, il est revenu en France sans éveiller le moindre soupçon pour participer au carnage du Bataclan.
Ses parents, rencontrés mi-octobre par l’AFP, en sont persuadés : c'est son interpellation "traumatisante", suite aux soupçons liés au Yémen, menée sous les yeux de ses parents et de sa jeune sœur, qui a "motivé son départ" vers la Syrie. "Quand ils l'ont ramené à la maison, il m'a dit ‘papa, j'ai rien fait’. Il allait sur des sites islamistes. C'est pas interdit", affirme son père.
"La veille, alors que je m'apprêtais à partir, il m'a fait la bise. D'habitude, c'était 'salut, bonne route'", raconte son père. Quelques jours plus tard, Samy Amimour téléphone à ses parents: "Ne me cherchez pas, je suis en Syrie".
Bien élevé et timide
Rien dans son parcours éducatif et professionnel ne semblait prédestiner Samy Amimour, décrit comme un jeune gentil, bon élève et réservé. Lundi lors d'une conférence de presse, le député-maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, a évoqué "un jeune homme bien élevé, dans une famille qui ne présente aucun signe de religiosité, poli, sportif, habillé à la mode, qui présentait même le caractère d'être timide".
Une timidité qui, selon l’élu, a été un obstacle à son embauche comme surveillant de cantine pour la municipalité voilà quelques années. Conducteur de bus à la RATP, il quitte l'entreprise en 2012 après y avoir travaillé pendant quinze mois. C'est à cette époque qu'il commence à se radicaliser. Pourtant, "il voulait imposer à sa mère, parfaitement laïque, le port du voile, puis imposer à la maison les règles de l'intégrisme le plus absurde, le plus éloigné de la religion musulmane", affirme le député-maire de Drancy avant de pointer un doigt accusateur sur une mosquée voisine du Blanc-Mesnil, où le kamikaze se serait radicalisé.
Interrogée par l’AFP sous couvert d'anonymat, une amie de la famille affirme garder le souvenir d'un jeune "très gentil". "Tout le monde l'aimait. Un mec en or, la proie parfaite" pour les recruteurs au jihad.
Une famille désemparée
C'est "une famille qui a vu son fils lui échapper et qu'on n'a pas aidée", a déploré Jean-Christophe Lagarde, qui a dit "bien connaître la mère" du jeune homme, une militante associative "parfaitement laïque", qui l'avait sollicité à ce sujet.
Son père avait même tenté d'aller le chercher en Syrie, où il s’est marié, pour l’arracher aux griffes de l’organisation de l’État islamique (EI). Fin juin 2014, au terme d’un périple, il débarque "dans la région d'Alep" le jour de la proclamation du "califat" par l’EI, le 29 juin. Il parvient non sans mal à voir son fils en tête-à-tête, qu'il tente de convaincre de rentrer. Mais trop tard pour revenir en arrière : Samy est convaincu qu'aussitôt sur le sol français, il sera "jeté en prison". Le père va même voir en Jordanie un "émir haut placé de Daech" : "Ton fils, je peux te le sortir en 48 heures. À une condition : qu'il me le demande", lui dit-il. En vain.
Selon des témoignages recueillis par le quotidien "Le Parisien", ses parents se seraient "effondrés" en apprenant que leur fils faisait partie des terroristes qui ont ensanglanté la capitale parisienne le 13 novembre. Mi-octobre, son père se préparait à un ultime voyage pour récupérer son fils.
Lundi, trois personnes de son entourage familial ont été placées en garde à vue. Elles ont été interpellées à leur domicile, dans une cité de Drancy.
Avec AFP