Un TGV d'essai a déraillé près de Strasbourg, samedi, faisant au moins onze morts et cinq disparus. Selon les premiers éléments de l'enquête, le train aurait déraillé en raison d'une "vitesse excessive".
Un TGV a déraillé, samedi 14 novembre près de Strasbourg, et a terminé sa course dans l'eau d'un canal, faisant au moins onze morts. C'est le premier déraillement mortel dans l'histoire du TGV depuis sa mise en service en 1981.
Les enquêteurs ont avancé dimanche un premier scénario de l'accident d'une rame d'essai de TGV : La motrice a "percuté" le pont et "le train a ensuite déraillé avant de basculer sur le talus de la ligne ferroviaire", a déclaré à l'AFP le procureur-adjoint du parquet de Strasbourg.
Deux points d'impacts ont été relevés sur ce pont métallique, dont un causé par la motrice.
Un porte-parole de la SNCF a confirmé ce scénario, précisant que dans le choc, le train "a percuté des rambardes de protection" et s'était séparé en deux.
Des enfants parmi les victimes
Les onze tués faisaient partie d'une équipe de 49 techniciens et cheminots, seuls à bord de la rame. Le train circulait à quelque 350 km/h au moment de l'accident survenu vers 15 h à Eckwersheim, à une vingtaine de km au nord de Strasbourg, sur la ligne à grande vitesse devant être mise en service au printemps prochain, selon une source proche de l'enquête.
Outre les onze personnes tuées, 25 blessés étaient en "urgence relative" et 12 autres en "urgence absolue", a précisé la préfecture du Bas-Rhin.
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— Aurélien Poivret (@AurelienPoivret) 14 Novembre 2015Arrivés en fin de journée sur les lieux de l'accident, le secrétaire d'État chargé des Transports Alain Vidalies et sa ministre de tutelle Ségolène Royal ont également fait état de cinq disparus, "des personnes encore coincées sous les wagons".
Alors que des hélicoptères évacuaient les blessés, les secouristes s'affairaient à dégager le corps de ce qu'il semblait être un enfant coincé sous la rame, selon le chef des opérations de gendarmerie Jérôme Sotty.
"Il y avait quelques enfants à bord", a confirmé un porte-parole de la SNCF, précisant ne pas savoir si ces enfants faisaient partie des personnes décédées.
"Par contre, il y en a parmi les blessés", a-t-il rajouté sans pouvoir préciser s'ils étaient "légers ou graves".
Les recherches devaient se poursuivre toute la nuit avec des chiens spécialement mobilisés.
Pas de lien avec les attentats de Paris
Interrogée par l'AFP, la direction de la SNCF a souligné que "rien ne permet de faire un lien" avec les attentats de vendredi soir à Paris, rappelant qu'aucun voyageur ne se trouvait à bord de ce train en phase d'essai. "Une enquête interne a été ouverte", a précisé la SNCF.
Accompagnée du préfet Stéphane Fratacci et du président de la région Philippe Richert (LR), Ségolène Royal a passé en revue dans la nuit noire les pompiers et secouristes du Samu, ainsi que les plongeurs de la gendarmerie. "C'est un drame apocalyptique", a-t-elle dit, en manifestant sa "solidarité avec les familles des victimes et des cheminots".
La ministre a exclu "a priori" un sabotage de la rame. "À l'heure où je vous parle, les enquêtes ne sont pas terminées, elles sont même à peine commencées".
Les recherches se poursuivaient pour retrouver les "boîtes noires", a dit Stéphane Ottavi, commandant de la gendarmerie de la région Alsace.
Une douzaine de déraillements de TGV, parfois dus à des objets sur les voies, ont été recensés depuis 1981. Mais aucun n'a eu de conséquences aussi graves, et aucun ne concernait une rame d'essai.
La rame couchée au pied du pont
La rame argentée du train, composée de cinq voitures, était visible à plusieurs centaines de mètres, au pied d'un pont métallique rouge enjambant le canal de la Marne au Rhin, large d'une quarantaine de mètres, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Le centre de la rame et sa locomotive était couchés sur les berges, l'arrière dans l'eau. Plus d'une centaine de secouristes, une équipe de plongeurs de la gendarmerie, des hélicoptères de la sécurité civile, et plusieurs dizaines de véhicules de secours ont été dépêchés sur les lieux.
Au moment de l'accident, un grand panache de fumée noire a été vu à plusieurs kilomètres à la ronde par des témoins.
Dans l'impact, le train s'est disloqué en faisant un "bruit métallique extrêmement fort", qui a pu être assimilé dans un premier temps à une explosion, a précisé Mme Royal.
Aurelia, 21 ans, assistante commerciale, a vu une fumée s'élever et s'est rendue près du lieu de l'accident : "Je faisais les boutiques, et en sortant j'ai vu une grande fumée noire. C'est là que je me suis dit que quelque chose de grave s'était passé."
Des adolescents qui se trouvaient dans un skate-park ont raconté avoir senti une odeur âcre de brûlé quand ils ont aperçu le panache qui formait une sorte de "boule".
L'accident s'est produit près d'un pré dans une zone agricole dépourvue d'habitations, où seuls vivent des plaisanciers occupant à l'année des péniches installées le long du canal.
Des essais sur la ligne LGV sont actuellement en cours afin de permettre de relier Paris à Strasbourg en 1 h 48 à partir du 3 avril 2016.
Outre le gain de temps entre Paris et l'Est de la France, la seconde phase de la LGV permettra aussi d'assurer une liaison plus rapide entre Luxembourg et Strasbourg (1 h 36 contre 2 h 10 actuellement).
Avec AFP