"Le Carillon" et "Le Petit Cambodge" ont été les cibles de l'une des attaques terroristes de vendredi soir. Le bar et le restaurant étaient des lieux fréquentés par la jeunesse branchée de l'est parisien, venue samedi rendre hommage aux victimes.
Le "Happy hour" tracé à la craie sur un tableau noir, à l'entrée du café "Le Carillon", sonne faux en ce samedi 14 novembre. L'heure n'a rien d'heureuse, elle est au contraire aux larmes et au recueillement. Le bar, ainsi que le restaurant qui lui fait face, "Le Petit Cambodge", ont été la cible des tirs des assaillants vendredi 13 novembre, dans la soirée. Au moins 15 personnes y ont été tuées par balles.
Les deux établissements parisiens de la rue Bichat, dans le Xe arrondissement, sont des lieux très fréquentés par la jeunesse "bobo" parisienne. La bière n'y est pas chère, les terrasses agréables, l'accueil chaleureux, et ils se trouvent à deux pas du Canal Saint-Martin, promenade prisée des parents en poussettes, des shoppeuses sans gluten et de la jeunesse en goguette.
Mais l'esprit festif des lieux a volé en éclats dans les rafales de kalachnikov. Samedi matin, la police a levé son périmètre de sécurité mais tous les commerces étaient fermés, à l'instar du "Carillon" et du "Petit Cambodge" où une affichette placardée par la police criminelle indique une mise sous scellé pour "entreprise criminelle en lien avec une activité terroriste".
Dons de sang
Les Parisiens sont naturellement venus s'y recueillir ou se rendre utiles. Devant l'entrée de l'hôpital Saint-Louis, juste en face des scène de crimes, une queue grossit à vue d'œil : des centaines de personnes sont venues faire don de leur sang après l'appel des autorités médicales face à la multiplication des blessés dont le dernier bilan est monté à 352.
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En fin de matinée, une hôtesse d'accueil de l'hôpital parisien vient annoncer qu'il y a plus d'une heure et 30 minutes de queue mais nul de rebrousse chemin. "C'est normal, c'est le moins que je puisse faire même si ce n'est qu'une petite contribution", témoigne Angélique, 30 ans, qui était venue de Nantes pour passer le week-end à Paris.
Des larmes coulent en silence
Face aux deux établissements, la discrétion est de rigueur. Des larmes coulent en silence et les voisins chuchotent l'enfer qu'ils ont vu à leur fenêtre. Un jeune skatter, bonnet enfoncé jusqu'aux yeux, fait rouler sa planche jusqu'au seuil du restaurant asiatique et se signe discrètement tandis qu'une jeune femme, à genoux, regard grave et mine fermée, dépose une rose blanche.
On trouve également des bougies siglées d'un "Je suis Paris", en référence à "Je suis Charlie", des bouquets ou encore des petits mots pour dire "non au terrorisme" et "oui à l'éducation". Nul n'ose vraiment tourner son regard vers cette sciure que l'on foule et qui masque à peine les traces de sang qui tachent encore le trottoir. Nul n'ose parler trop fort. Même les journalistes ont la caméra en berne. Tous ont presque ont déjà bu un verre ou diné en ces lieux. Tous ou presque se sentent attaqués. Chez eux.