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Trente millions d'électeurs birmans ont été appelés à se rendre aux urnes dimanche pour participer aux premières élections libres du pays depuis un quart de siècle. Le parti d'Aung San Suu Kyi, icône dans le pays, est donné favori.

Les électeurs en Birmanie se sont rendus aux urnes, dimanche 8 novembre, pour des élections législatives historiques. D'après la commission électorale, 80% des 30 millions d'électeurs se sont déplacés.

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Législatives en Birmanie : Aung San Suu Kyi, aux portes du pouvoir ?

Dans les centres visités par les journalistes de l'AFP, les électeurs exhibaient fièrement leur doigt plein d'encre violette - processus validant leur vote -, les plus jeunes faisant même des selfies. L'opposante et prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, a elle aussi voté, entourée de centaines de journalistes. Elle a déposé son bulletin dans l'urne, dans une école du centre de Rangoun, avant d'être acclamée par des partisans criant "victoire". Aung San Suu Kyi, vêtue de rouge, couleur de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), n'a fait aucune déclaration devant la presse. Elle devait ensuite se rendre dans sa circonscription électorale de Kawhmu, à quelques heures de Rangoun, où l'opposante avait été élue députée lors de législatives partielles en 2012.

>> À voir sur France 24 : "En Birmanie, des élections législatives historiques mais opaques"

Trente millions de Birmans peuvent voter pour la première fois

Toute l'attention médiatique est tournée depuis des jours autour de celle qui a passé plus de quinze ans en résidence surveillée et vote elle-même pour la deuxième fois dans son propre pays, à 70 ans. Ce sont en effet les premières élections libres depuis 25 ans dans le pays et la plupart des 30 millions de Birmans appelés à s'exprimer ce dimanche n'ont jamais voté de leur vie.

"Les gens sont si excités" par ces premières élections nationales, s’est enthousiasmé un électeur de 74 ans auprès de l’AFP à Rangoun. "Je veux que celle que le peuple veut dirige le pays", a-t-il ajouté dans une allusion à peine voilée à Aung San Suu Kyi, qui a un statut d'icône dans son pays.

La Ligue nationale pour la démocratie, le parti d'Aung San Suu Kyi, a toutes les chances de l'emporter. Mais en l'absence de sondages, difficile de faire des pronostics fiables. Depuis le milieu de la nuit, les médias internationaux, venus en masse pour couvrir le scrutin, s'étaient postés devant les grilles pour assister à ce moment historique.

Aung San Suu Kyi interdite de "présidence" par la Constitution

Au total, plus de 90 partis sont officiellement en compétition, dont certains pèseront dans le jeu des alliances après les élections. Au-delà des législatives, l'enjeu est l'élection du président, élu par le Parlement dans quelques mois. Aung San Suu Kyi, interdite de présidence par la Constitution héritée de la junte, a prévenu qu'elle serait "au-dessus du président".

L'armée et le président sortant issu de ses rangs ont promis qu'ils respecteraient le verdict des urnes. Tout en diffusant en boucle à la télévision publique des clips mettant en garde contre toute tentation de révolution de type printemps arabe.

Lors des dernières élections nationales jugées libres, en 1990, la junte s'était laissée surprendre et avait laissé la LND concourir et gagner. Mais les résultats n'avaient pas été reconnus et Aung San Suu Kyi, alors en résidence surveillée, n'avait pas pu voter. Et en 2010, la LND avait boycotté les élections. Ce scrutin est donc considéré comme révélateur du succès de la transition démocratique amorcée il y a quatre ans, avec l'auto-dissolution d'une junte qui a régné sur le pays d’une main de fer depuis 1962.

>> À voir sur France 24 : "le webdocumentaire 'One Myanmar', la Birmanie sur le chemin de la démocratie" (cliquez sur l'image pour visionner)

Avec AFP