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Bombardement de Kunduz : le rapport accablant de MSF contre l'armée américaine

Un mois après le drame, Médecins sans frontières (MSF) a publié un rapport dans lequel est décrit le bombardement de son hôpital de Kunduz (Afghanistan) par l'armée américaine. Un raid mené pour "tuer et détruire", estime l'organisation.

Médecins sans frontières (MSF) a publié, jeudi 5 novembre, un rapport décrivant avec force détails macabres le raid américain qui a fait 30 morts contre son hôpital de Kunduz en Afghanistan. Dans ce document présenté à Kaboul, un peu plus d'un mois après le raid, MSF assure qu'aucun combattant armé n'était dans l'établissement au moment de l'attaque.

Les frappes ont commencé "entre 2h et 2h08 du matin" dans la nuit du 2 au 3 octobre et se sont poursuivies pendant environ une heure, souligne l’organisation. Malgré l'heure tardive, "l'hôpital tournait à plein régime" pour soigner les victimes des affrontements qui opposaient les rebelles talibans à l'armée afghane pour le contrôle de Kunduz, grande ville du nord de l'Afghanistan.

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Lorsque les premières bombes sont tombées, "entre trois et quatre patients étaient des soldats de l'armée, et environ une vingtaine des Taliban", souligne l'ONG, mais "aucun combattant armé" conformément à ses statuts.

Un raid destiné à "tuer et détruire"

Selon Christopher Stokes, directeur général de MSF, le raid était destiné à "tuer et détruire". Pour preuve, ces "tirs, provenant sans doute de l'avion, [qui visaient] des gens qui tentaient de s'enfuir de l'hôpital", décrits dans le rapport. "Un employé de MSF a été décapité par des débris provenant des bombardements", précise encore le texte.

La controverse porte sur la responsabilité des donneurs d'ordre. Le général américain John Campbell, chef de la mission de l'Otan en Afghanistan, a reconnu que la frappe était américaine, mais qu'elle avait été réclamée par l'armée afghane. Cette dernière se dit persuadée que des Taliban se cachaient dans le bâtiment.

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Mais MSF affirme que ses équipes avaient transmis les coordonnées GPS de l'hôpital aux armées afghane et américaine avant le raid, et qu'elle a prévenu les états-majors dès que les premières bombes sont tombées.

Or, l'ONG dit avoir reçu à 2h52, soit près d'une heure après le début du raid, un SMS d'un responsable de l'Otan lui disant qu'il était "désolé" d'apprendre que l'hôpital était bombardé. Sept minutes plus tard, un autre SMS d'un responsable de l'Otan informait MSF qu'il ferait "de [son] mieux. Je prie pour vous".

Trois enquêtes, une américaine, une afghane et une de l'Otan, sont en cours. Mais en préambule au rapport, Joanne Liu, la présidente de MSF, réclame de nouveau une "commission internationale humanitaire" pour faire la lumière sur le bombardement.

Avec AFP