La dernière étude de la Nasa fait débat : l’agence spatiale américaine affirme que la couche de glace de l’Antarctique croît plus vite que ses glaciers ne fondent. Ce qui ne constitue pas forcément une bonne nouvelle pour le climat. Explication.
La Nasa vient de faire un beau cadeau aux climatosceptiques… en apparence. Une étude publiée samedi 30 octobre “contredit les conclusions notamment du Giec [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, NDLR] qui affirme que l’Antarctique perd en surface de glace”, affirme l’agence spatiale américaine.
Au contraire, la masse totale de glace aurait augmenté grâce à une accumulation continue de neige depuis 10 000 ans. Cet enneigement serait plus important que les pertes dues à la fonte des glaciers.
“Plus il fait chaud, plus il neige”
“C’est un coup dur pour les tenants d’un discours alarmistes sur le climat”, se réjouit ainsi le site américain conservateur Breitbart. Du point de vue des climatosceptiques, hausse des températures et augmentation de la masse de glace du continent Antarctique sont incompatibles.
“Je sais que certains vont sauter sur l’occasion pour prétendre que cette étude démontre qu’il ne faut pas autant s’inquiéter, mais ils ont tort”, affirme Jay Zwally, l’auteur principal de l’étude de la Nasa.
L’accumulation de neige découle en fait directement du réchauffement climatique. “Plus il fait chaud, plus il va neiger. Au centre de l’Antarctique, où il fait -50°C en moyenne, le climat est, à cause du froid, aussi sec qu’au Sahara et lorsque les températures augmentent de quelques degrés, il y a davantage de précipitation et donc plus de neige”, détaille Gerhard Krinner, directeur de recherche au CNRS et spécialiste du climat polaire, contacté par France 24.
La méthode utilisée par le spécialiste américain de la Nasa pour mesurer l’évolution du bilan de la masse de glace n’est, en outre, pas la seule : il y en existe trois principales. La technique préconisée ici, appelée altimétrie, “donne des estimations toujours plus élevées que les résultats obtenus grâce aux autres méthodes”, rappelle Gerhard Krinner. Donc rien d’étonnant que l’étude n’aille pas dans le sens du Giec qui, de son côté, “résume les conclusions obtenues grâce à toutes les méthodes qui existent”, explique ce spécialiste.
D’où vient l’augmentation du niveau de la mer alors ?
La principale différence entre les conclusions de Jay Zwally et le discours dominant en la matière est que le chercheur de la Nasa juge que l’Antarctique n’a pas encore commencé à perdre globalement en masse de glace… mais que cela va arriver. Les experts du Giec pensent, quant à eux, que ce processus a déjà commencé. “Le débat n’est donc pas de savoir si la fonte des glaces a lieu mais de savoir à partir de quand ce phénomène sera plus important que l’enneigement continu”, résume Gerhard Krinner.
Si, en outre, Jay Zwally a raison, le monde se retrouve alors avec un nouveau problème climatique sur les bras : comment expliquer la hausse du niveau des océans ? Pour beaucoup, y compris les experts du Giec, elle est due en partie à la fonte des glaces en Antarctique. Le spécialiste de la Nasa assure, qu’au contraire, la contribution de ce continent à la hausse du niveau des mers est négative. “Cela signifie qu’il y a un critère qui n’a pas ou pas suffisament été pris en compte jusqu’à présent“, avertit Gerhard Krinner.
Le spécialiste évoque alors plusieurs hypothèses. Les glaces du Groenland fondent plus vite que prévu, ou alors la température de la mer augmente plus rapidement accélérant la fonte des glaces. Ce pourrait, enfin, être à cause des glaciers des montagnes qui disparaitraient à un rythme plus soutenu. Autant de pistes toutes plus climato-déprimantes les unes que les autres.