Sous pression politique depuis des mois, et moins d'une semaine après un incendie meurtrier qui a traumatisée la Roumanie, le Premier ministre Victor Ponta a démissionné, estimant "légitime" la colère de la rue.
Le Premier ministre roumain Victor Ponta a démissionné mercredi 4 novembre, moins d’une semaine après un incendie meurtrier dans une boîte de nuit de Bucarest qui a attisé la colère de la rue. "J'espère que la démission du gouvernement va satisfaire les gens qui étaient dans la rue", a déclaré le dirigeant social-démocrate dans une déclaration retransmise à la télévision, en référence aux milliers de personnes qui avaient exigé sa démission la veille dans la capitale et plusieurs autres villes du pays. "Je ne peux que constater la colère légitime qui existe dans la société", a-t-il ajouté.
L’incendie de la discothèque Colectiv, dans le centre de Bucarest, vendredi soir, a traumatisé et révolté le pays. Quelque 32 personnes y sont mortes et près de 200 ont été blessées, selon le dernier bilan. Accusés d'"homicide involontaire", les trois patrons de la discothèque ont été placés en détention provisoire mardi.
Mais la population et les médias ont pointé une longue série de manquements à la règlementation au niveau des autorités locales. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol, exigeant un changement profond au sein de la classe politique - largement accusée de corruption - du pays, l'un des plus pauvres de l'Union européenne.
it
L'opposition appelle à des législatives anticipées
Indépendamment de ce drame, Victor Ponta était sous pression depuis plusieurs mois. Le chef de l'État et l'opposition avaient demandé, à plusieurs reprises, sa démission à la suite des multiples affaires judiciaires dans lesquelles il est impliqué. Accusé de faux en écriture, complicité d'évasion fiscale et de blanchiment d'argent, il doit être jugé dans les semaines à venir.
À la suite de sa démission, Victor Ponta a annoncé qu'il proposerait au chef de l'État de désigner le ministre de la Défense Mircea Dusa comme chef du gouvernement par intérim. Selon la Constitution, le président conservateur Klaus Iohannis doit entamer très prochainement des consultations avec les partis représentés au Parlement sur la formation d'un nouveau gouvernement.
Le Parti national libéral, dont est issu le président, a appelé à des élections anticipées, "la solution la plus raisonnable et équilibrée, attendue par la société civile". Mais le parti social-démocrate, auquel appartient Victor Ponta, a aussitôt rejeté un tel scénario, estimant que cela entraînerait une période d'instabilité. Les prochaines élections législatives sont normalement prévues en novembre 2016.
Avec AFP