
Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont demandé, mercredi, aux Nations unies d'enquêter sur le récent test par l'Iran d'un nouveau missile balistique, qu’ils considèrent comme violant une résolution de l'ONU.
Washington, Paris, Berlin et Londres ont demandé, mercredi 21 octobre, au Comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies d'enquêter sur le récent test par l'Iran d'un nouveau missile balistique, qu’ils considèrent comme violant une résolution de l'ONU.
Le Comité, qui dispose d'experts, devra déterminer si Téhéran a violé la résolution 1929 du Conseil de sécurité, qui date de 2010. Précisément, le paragraphe 9 de cette résolution interdit à la République islamique de mener des activités liées aux missiles balistiques pouvant emporter des têtes nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques.
Ce dossier a fait l'objet de consultations à huis clos mercredi après-midi au Conseil, à la demande des États-Unis. Dans une lettre accompagnant un rapport et diffusée aux membres du Conseil, les quatre pays demandent au Comité "d'agir de manière appropriée en réponse" à cette violation. La lettre, dont l'AFP a eu copie, affirme qu'il s'agit bien d'un missile balistique au regard de la résolution 1929 et qu'il est "capable de par sa conception d'emporter une arme nucléaire".
Un test "provocateur"
Washington souhaite que le Comité enquête et se prononce "rapidement", a indiqué la représentante permanente des États-Unis à l'ONU, Samantha Power, qualifiant le test iranien de "provocateur", ajoutant qu'il s'agissait d'un "problème grave" qui "nuit à la stabilité régionale".
"Après avoir examiné les informations disponibles, nous pouvons confirmer que l'Iran a lancé le 10 octobre un missile de moyenne portée capable d'emporter une arme nucléaire. Il s'agit d'une violation flagrante de la résolution 1929 du Conseil de sécurité", avait-elle déclaré, le 16 octobre.
Le ministère français des Affaires étrangères avait dénoncé de son côté "une claire violation" d'une résolution de l'ONU et "un message préoccupant" de Téhéran à la communauté internationale.
Sanctionner Téhéran ?
De nouvelles sanctions de l'ONU sont cependant peu probables, selon des diplomates, et ce, pour éviter toute remise en cause de l'accord nucléaire historique conclu entre Téhéran et les grandes puissances en juillet dernier. Même si, la résolution 2231 du Conseil de sécurité, qui a entériné l'accord de Vienne, demande à l'Iran de ne pas développer pendant huit ans des missiles balistiques ayant la capacité de transporter une tête nucléaire. En outre, pour sanctionner Téhéran, il faudrait aussi l'accord de la Russie et de la Chine, qui peuvent bloquer toute décision en usant de leur droit de veto.
De son côté, l’Iran a toujours affirmé que ses missiles balistiques sont purement défensifs et qu’ils ne sont pas conçus pour transporter des armes nucléaires, et que, par conséquent, ils ne sont donc visés par aucune résolution de l'ONU.
"Aucun des missiles de la République islamique n'est conçu pour avoir une capacité nucléaire [...] et notre programme n'est pas concerné par les résolutions" du Conseil de sécurité, a récemment déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier. Il a répété que "l'arme nucléaire n'a aucune place dans la doctrine militaire de l'Iran".
Le 11 octobre, l'Iran avait annoncé avoir testé "avec succès" un nouveau missile appelé Emad, ayant la capacité d'être "guidé à distance", et "construit entièrement en Iran. [...] C'est le premier missile 'longue portée' avec la capacité d'être guidé jusqu'au moment de la frappe de la cible", avait déclaré le ministre de la Défense, le général Hossein Dehghan. "Nous ne demandons l'autorisation de personne pour augmenter notre capacité défensive et balistique et nous poursuivons notre programme (...) balistique avec détermination", avait ajouté le ministre.
Téhéran possède plusieurs types de missiles d'une portée de 2 000 kilomètres capables d'atteindre Israël, son ennemi déclaré.
Avec AFP