Plus de 20 000 partisans du mouvement islamophobe Pegida ont manifesté lundi soir dans les rues de Dresde pour dénoncer la politique d'ouverture aux migrants d'Angela Merkel. Des contre-manifestants sont venus les affronter.
Un an après sa création, le mouvement Pegida, ouvertement anti-immigration, a réuni lundi 19 octobre au soir à Dresde, en Allemagne, près de 20 000 personnes opposées à la politique d’ouverture de la chancelière Angela Merkel envers les migrants. C'est dans cette ville, capitale régionale de Saxe, que le mouvement avait déboulé il y a tout juste un an dans le paysage politique national. D'abord anti-euro, il s'est progressivement focalisé sur la dénonciation des immigrés et de l'islam. Il retrouve aujourd'hui un second souffle avec l'arrivée de centaines de milliers de migrants fuyant guerres et persécutions en Syrie et en Irak.
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"Résistance! Résistance!", "Merkel, dehors!", pouvait-on lire sur les pancartes des partisans de Pegida. Même le célèbre slogan contre la dictature communiste dans l'ex-RDA fin 1989 : "Nous sommes le peuple", a été repris pour le compte de Pegida. Selon les journalistes présents sur place, de nombreux drapeaux hongrois étaient visibles parmi la foule. Un hommage au Premier ministre Viktor Orban, perçu comme le seul défenseur de l'Europe par sa politique de fermeté à l'égard des migrants arrivant des Balkans. "Oui à Orban ! La Hongrie doit nous montrer la voie !", a lancé un manifestant.
Merkel "dictateur"
De son côté, Lutz Bachmann, le responsable du mouvement populiste, a multiplié les harangues contre la chancelière, n’hésitant pas à la qualifier de "dictateur" devant la foule. Il également appelé la population de Dresde à être "le centre de la résistance" à la politique du gouvernement allemand.
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"Nous sommes là pour nos enfant et nos petits-enfants et cela me réjouit de voir que les gens ont le courage de parler" contre la politique du gouvernement, clame Hannelore, la soixantaine, venue battre le pavé aux côtés des "Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident" (Pegida en allemand).
Contre-manifestation
En face d’eux, un nombre tout aussi important de contre-manifestants sont venus les affronter. "Réfugiés, bienvenue", pouvait-on lire sur leurs pancartes. "Le racisme et les néonazis sont trop tolérés en ce moment, c'est de pire en pire", a affirmé Petra, 65 ans. "Il est très important que la grande majorité des gens, qui ne soutiennent pas Pegida, se montrent et disent qu'ils ne sont pas d'accord", a expliqué à son tour Hans, 75 ans.
Entre les deux camps, un important dispositif de forces de l'ordre a été déployé pour tenter d’éviter des heurts. Une confrontation a toutefois eu lieu en début de soirée avant que la police ne disperse la foule, selon un correspondant de l'AFP. L'affrontement a fait un blessé grave.
Le rassemblement de Dresde s'est tenu dans un climat particulièrement tendu après l'agression au couteau dont a été victime samedi une candidate à la mairie de Cologne (ouest), très impliquée dans l'accueil des réfugiés, de la part d'un homme considéré comme proche des milieux d'extrême droite. Henriette Reker, hospitalisée après cette agression, a été élue dimanche maire de Cologne avec plus de 52 % des voix.
Avec AFP