envoyé spécial France 24 à Cardiff (Pays de Galles) – Samedi soir, le XV de France de rugby affronte la Nouvelle-Zélande en quarts de finale de la Coupe du monde. Un immense défi pour les hommes de Philippe Saint-André, qui rêvent de renouer avec leur glorieux passé face à leur meilleur ennemi.
C'était l'affiche dont rêvait tout le rugby français. Samedi, à 21 h (heure de Paris) à Cardiff, le XV de France défie la Nouvelle-Zélande en quarts de finale de la Coupe du monde de rugby. Un classique de la compétition, puisque Blacks et Bleus se sont affrontés à six reprises en sept éditions.
Le bilan est clairement à l'avantage des Néo-Zélandais, avec quatre succès dont un match de poule en 2011 et une petite finale en 2003.
En revanche, si l'on s'en tient aux affrontements qualifiés de "légendaires", les deux XV restent sur un nul : les All Blacks ont ainsi remporté leurs deux Coupes du monde (1987 et 2011) en battant en finale les Français, victorieux de leur côté en quarts de finale en 2007 et en demi-finale en 1999.
Les Bleus pourront-ils réitérer leur exploit de 2007 ?
Pour ce choc au Millennium Stadium de Cardiff, les Français avancent clairement masqués. Et c'est le moins que l'on puisse dire. Depuis 2011, jamais les Bleus n'ont réussi à convaincre qu'ils étaient en mesure de se battre pour un titre mondial, qui se refuse à eux depuis toujours.
D'un sommet contre les All Blacks à l'autre se sont écoulés quatre ans de tumulte, où l'on a évoqué pêle-mêle les affres d'un douloureux apprentissage, les dérives d'un système français au bout du rouleau, les erreurs des entraîneurs ou encore les carences multiples des joueurs. En même temps, difficile d'estomper la sensation d'un inexorable déclin à responsabilités partagées depuis la finale perdue d'un rien (8-7) le 23 octobre 2011 à l'Eden Park d'Auckland.
À l'inverse, les Néo-Zélandais, impressionnants depuis plusieurs années, ont enchaîné les résultats probants. En phase de poule, les All Blacks ont sans surprise accumulé les larges victoires, mais sans toutefois parvenir à convaincre franchement. Et une interrogation se pose: seront-ils capables de hausser soudain leur niveau de jeu ?
En 2007, c'est justement ce manque de rythme qui avait été fatal aux All Blacks, éliminés (20-18) par la France en quarts de finale. Un exploit que les Bleus avaient réalisé, déjà, sous le toit du Millennium de Cardiff.
Huit ans plus tard, les deux équipes abordent en tous cas ce rendez-vous dans des dispositions diamétralement opposées. Les All Blacks, libérés par leur titre conquis en 2011 face aux Bleus, sont sûrs de leurs forces (jeu rapide, individualités...), alors que les Français naviguent au milieu des interrogations depuis leur défaite face à l'Irlande, la semaine passée.
"C'est à nous d'écrire notre propre histoire"
Pour sortir du néant, le sélectionneur Philippe Saint-André a choisi de se passer du centre dévastateur Mathieu Bastareaud, laissé sur le banc au profit d'Alexandre Dumoulin, censé apporter davantage de fluidité. La conduite du jeu, elle, a été confiée à Morgan Parra.
"C'est à nous d'écrire notre propre histoire", ont d'ailleurs rabâché les Bleus cette semaine, en ouvrant une piste principale pour espérer bouleverser le bel ordonnancement All Blacks : l'agression organisée.
"Il faudra être virulent, dès le début", a ainsi prévenu le talonneur Guilhem Guirado. Il s'agira ensuite de ne pas relâcher l'étreinte, en axant les efforts sur le jeu au sol - le gros point noir face aux Irlandais - et la conservation du ballon en général. Enfin, hors de question de laisser filer les rares opportunités de marquer qui se présenteront.
Il faudra pour cela que les Français évoluent à leur meilleur niveau, face à des All Blacks qui n'ont perdu que trois fois en 51 rencontres depuis leur titre mondial.
En cas d'élimination, cette rencontre pourrait marquer la fin d'une histoire pour de nombreux cadres. Ce duel face aux Blacks sera vraisemblablement le dernier du capitaine français Thierry Dusautoir, du deuxième ligne Pascal Papé ou encore du pilier Nicolas Mas. Et côté néo-zélandais, le capitaine Richie McCaw, 34 ans, pourrait lui aussi tirer sa révérence dès samedi soir en cas de défaite.
Mais au-delà des destins individuels, c'est celui d'une sélection entière que voudront écrire les joueurs du XV de France, au Millenium de Cardiff. S'ils parvenaient à décrocher un succès inespéré face aux All Blacks, les Bleus pourraient tirer un trait sur quatre années de galère. Un scénario improbable, mais qui viendrait redorer le blason d'un XV qui a perdu depuis trop longtemps le goût de l'exploit.
Avec AFP