
Le réalisateur américain des cultes "Taxi Driver", "Raging Bull" et "Les Affranchis" reçoit les honneurs de la France. À Paris, la Cinémathèque lui consacre une exposition et une rétrospective ; à Lyon, le Festival Lumière lui décernera un prix.
Cinéaste oscarisé et cinéphile pointu, l'Américain Martin Scorsese est à l'honneur en France. La Cinémathèque lui consacre à Paris une grande exposition à partir de ce mercredi 14 octobre, tandis que le Festival Lumière, à Lyon, doit lui rendre hommage vendredi.
"Scorsese l'exposition", la plus importante jamais consacrée au réalisateur de la Palme d'or 1976 "Taxi Driver", créée à Berlin en 2013 puis passée par Turin et Genève, retrace un demi-siècle de son travail. "C'est la première fois que je la vois, a expliqué Martin Scorsese, 72 ans, lors d'une conférence de presse à la Cinémathèque française. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit d'une telle ampleur, ni à voir certains de mes objets personnels. Je me demandais où ils étaient passés !"
Le costume de DiCaprio et la robe jaune de Blanchett
Des photos, affiches ou objets, issus pour la plupart de la collection personnelle du cinéaste, sont présentés : outre la table de sa mère, Catherine, le costume de Leonardo DiCaprio dans "Gangs of New York", la robe jaune moutarde de Cate Blanchett qui avait incarné Katharine Hepburn dans "Aviator" ou encore la reproduction de la télévision de l'enfance du cinéaste new-yorkais...
L'exposition, qui durera jusqu'au 14 février, offre aussi aux fans l'occasion inédite de se plonger dans les méthodes du maître, à travers des scénarios, notes de travail, dessins originaux de repérages ou nombreux storyboards que Martin Scorsese a expliqué dessiner "généralement lui-même". "Cela remonte à une époque où j'étais très jeune, et où je dessinais dans ma chambre parce que je ne pouvais pas faire du sport ou sortir", a raconté le cinéaste qui, enfant, souffrait d'asthme.
"On a de très beaux storyboards de grands films cultes de lui : ‘Taxi Driver’, ‘Raging Bull’, ‘New York New York’, ‘Mean Streets’, et on a tout d'un coup des scènes qui surgissent, on reconnaît presque le visage des comédiens", s’enthousiasme Matthieu Orléan, l’un des commissaires de l’exposition.
Famille, Église catholique et gangs de rue
Thématique, l'exposition en cinq parties raconte aussi la genèse du "héros scorsésien" et ce qui le caractérise, de sa spiritualité à sa violence, en partant des origines italo-américaines du cinéaste. Elle s'ouvre sur le quartier de "Little Italy", à Manhattan, où a grandi Martin Scorsese, pour qui la famille, l'Église catholique et les gangs de rue servaient de repères dans son New York natal.
"Scorsese l'exposition" s'intéresse enfin aux inspirations et à la cinéphilie de ce passionné d'histoire du cinéma, avant de montrer Scorsese au travail, son esthétique et sa méthode pour monter, filmer et mixer ses films. Martin Scorsese "arrive à faire des films contemporains tout en étant dans une tradition du cinéma ancienne, résume Matthieu Orléan. Il s'est transformé et a gardé toujours une dimension assez spectaculaire, assez narrative, assez baroque, tout en restant très radical dans ses thèmes, des personnages avec d'énormes failles, auto-destructeurs."
Se rangeant lui-même du côté de "l'ancien monde", Martin Scorsese s'est inquiété "du clivage qui existe aujourd'hui dans le cinéma" entre les films indépendants et les films de super-héros et autres superproductions. "Le danger est que les plus jeunes, s'ils expérimentent le cinéma de cette façon, croient que c'est ça, le cinéma [...] Il se peut que nous ayons perdu une génération, c'est pour cela qu'il faut préserver les films anciens", a-t-il lancé lors de la conférence de presse.
Restaurateur de chefs d’œuvre
Parallèlement à cet événement, la Cinémathèque propose à partir de mercredi une rétrospective des films du cinéaste, des plus connus comme "Taxi Driver", "Raging Bull", "Les Affranchis" ou "Les Infiltrés", à ses documentaires musicaux ou ses œuvres de jeunesse.
Pour l'inaugurer, Martin Scorsese présentera en personne mercredi soir la projection de "Taxi Driver". Il se rendra ensuite au Festival Lumière de Lyon, dédié aux classiques restaurés du septième art. Le cinéaste, également très engagé pour la restauration des chefs d'œuvre du cinéma mondial, s'y verra remettre vendredi le prix Lumière, décerné chaque année à une personnalité du cinéma mondial.
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Avec AFP