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Hillary Clinton et Bernie Sanders s'affrontent sur l'économie, pas sur les courriels

Hillary Clinton et Bernie Sanders étaient les principales attractions du premier débat des primaires démocrates, mardi 13 octobre. Pas d'affrontement direct entre les deux candidats, qui sont même tombés d'accord sur l'affaire des courriels.

L’affrontement entre Hillary Clinton et Bernie Sanders lors du premier débat de la primaire démocrate était considéré comme un premier test pour l’ancienne secrétaire d’État. Cette dernière a affiché, mardi 13 octobre à Las Vegas, calme et assurance, assumant pleinement son rôle de grande favorite lors du premier débat de la primaire démocrate.

Habituée de ces rendez-vous - elle a participé à de nombreux débats en 2008 lors de sa première tentative pour la Maison Blanche - Hillary Clinton, qui a su parfois faire rire, s'est ainsi présentée comme la meilleure chance de son camp face aux républicains lors de la présidentielle de 2016.

Le débat, sur lequel planait l'ombre du vice-président Joe Biden qui hésite à se lancer dans la course, a été mené sur un rythme soutenu mais n'a pas donné lieu aux attaques personnelles qui avaient émaillé ceux du camp républicain.

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Dans un premier temps, Hillary Clinton a frontalement attaqué le sénateur du Vermont Bernie Sanders - la véritable surprise de cette primaire - sur le terrain économique en lui reprochant d'avoir souhaité que les États-Unis s'inspirent des modèles du Danemark, de la Suède et de la Norvège.

"Je pense que ce que dit le sénateur Sanders a certainement du sens en ce qui concerne les inégalités que nous avons chez nous. Mais nous ne sommes pas le Danemark. J'aime beaucoup le Danemark. Nous sommes les États-Unis d'Amérique", a-t-elle lancé.

Virage à gauche pour Hillary Clinton

Bernie Sanders, 74 ans, qui attire les foules dans ses meetings et porte un discours axé sur la réduction des inégalités, a pour sa part déclaré qu'il ne souscrivait pas au système capitaliste. "Est-ce que je me considère comme un participant au casino capitaliste par lequel si peu ont tant et tant ont si peu, par lequel l'avidité et l'inconscience de Wall Street ruinent l'économie ? Non", a-t-il dit.

Pour tenter de contrer cette menace, l'ex-première dame a récemment opéré un virage sur sa gauche, en se prononçant contre le Partenariat transpacifique (TPP), un accord de libre-échange qu'elle avait défendu en tant que secrétaire d'État, et en rejetant le projet d'oléoduc Keystone qu'elle se disait en 2010 encline à approuver, deux projets dont Bernie Sanders est un adversaire de longue date.

Se présentant mardi comme une petite-fille d'ouvrier, Hillary Clinton s'est qualifiée de "progressiste" décidée à surmonter l'opposition des républicains. "J'ai été très cohérente tout au long de ma vie. J'ai toujours défendu les mêmes valeurs et les mêmes principes", a-t-elle dit en promettant d'augmenter les salaires des travailleurs et les impôts sur les plus fortunés.

Hillary Clinton a aussi tenté de mettre Bernie Sanders en difficulté sur la question du contrôle des armes à feu, un thème de plus en plus important aux États-Unis en raison de la multiplication des fusillades dans les écoles ou les universités. Elle a reproché à son adversaire d'être laxiste en la matière en raison de son vote contre une disposition qui aurait renforcé la responsabilité juridique des fabricants d'armes.

Prié de se défendre, le sénateur du Vermont s'est dit favorable à des vérifications plus poussées des antécédents des acquéreurs d'armes à feu et à la suppression des failles législatives permettant d'acheter des armes dans les foires spécialisées.

"Le peuple américain en a plus qu'assez d'entendre parler de vos fichus courriels"

Trois autres candidats, Lincoln Chafee, James Webb et Martin O'Malley, ont participé à ce premier des six débats prévus tout au long du processus de désignation du candidat démocrate.

Les deux premiers ont lancé des piques en direction d'Hillary Clinton, Lincoln Chafee en relevant qu'il n'avait subi "aucun scandale" durant sa carrière politique, James Webb en affirmant n'avoir pas été coopté par le système politique.

Ces moments de tension ont toutefois été éclipsés par le soutien apporté par Bernie Sanders à Hillary Clinton sur l'affaire des courriels privés, une polémique entretenue par les républicains pour fragiliser la campagne de l'ancienne secrétaire d'État.

Alors qu'elle venait d'admettre une nouvelle fois avoir commis une erreur mais aussi d'insister sur sa volonté de concentrer son énergie sur les questions importantes pour la vie des électeurs, Bernie Sanders est venu à sa rescousse.

"Permettez-moi de dire quelque chose qui ne relève peut-être pas de la grande manœuvre politique mais je pense que la secrétaire a raison", a-t-il dit. "Le peuple américain en a plus qu'assez d'entendre parler de vos fichus courriels."

Le public a grondé de plaisir et un grand sourire s'est affiché sur le visage d'Hillary Clinton. "Merci Bernie", a-t-elle dit en échangeant une chaleureuse poignée de mains avec son adversaire sous les applaudissements de l'auditoire.

Avec AFP et Reuters