
Le célèbre journaliste turc Ahmet Hakan a été violemment agressé devant son domicile à Istanbul, dans la nuit de mercredi à jeudi. Les attaques contre ceux qui critiquent le pouvoir se sont multipliées en Turquie ces derniers mois.
Connu pour ses critiques contre le pouvoir turc, le célèbre journaliste Ahmet Hakan a été physiquement agressé et blessé devant son domicile stambouliote, dans la nuit de mercredi à jeudi 1er octobre, par un groupe d'hommes. Blessé aux côtes et au nez, il a été hospitalisé, mais a pu quitter l'hôpital dans la matinée.
Cette attaque survient au moment où les atteintes contre la liberté de la presse se multiplient en Turquie, à l'approche des élections législatives anticipées prévues le 1er novembre.
Ahmet Hakan, éditorialiste influent du quotidien "Hürriyet" et présentateur-vedette d'une émission sur la chaîne CNN-Turk, a été attaqué par quatre hommes peu après minuit dans le quartier huppé de Nisantasi. Le journaliste rentrait chez lui, en compagnie de son chauffeur et d'un garde du corps, après avoir animé sa dernière émission tardive, Tarafsiz Bolge. L'un des agresseurs a retenu son garde du corps et les trois autres ont roué de coups Ahmet Hakan, avant de prendre la fuite.
La police a arrêté quatre suspects dont les mobiles sont inconnus, selon "Hürriyet".
Menacé d’être "écrasé comme un insecte"
"De telles attaques ne nous intimideront pas. Nous n'avons peur de rien. Nous continuerons le chemin que nous avons choisi", a déclaré Ahmet Hakan dans un message relayé par le rédacteur en chef de "Hürriyet", Sedat Ergin, qui a dénoncé une "attaque organisée, planifiée".
Ahmet Hakan a fait récemment l'objet de menaces de la part d'éditorialistes de médias pro-gouvernementaux pour ses critiques contre le pouvoir et avait demandé une protection policière. En vain. Cem Kucuk, un éditorialiste du quotidien "Star", proche du régime, avait notamment menacé son confrère de "l'écraser comme un insecte".
Les attaques contre les journalistes se sont intensifiées alors que le président Recep Tayyip Erdogan mène depuis fin juillet une guerre contre les rebelles kurdes dans l’est de la Turquie. Les locaux du quotidien "Hürriyet" à Istanbul ont été attaqués à deux reprises par des manifestants pro-gouvernementaux qui l'ont accusé de déformer des propos du chef de l’État.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, le président islamo-conservateur s'en est pris à plusieurs reprises au groupe de presse Dogan, propriétaire du journal et de CNN-Turk. La Turquie est régulièrement épinglée par les ONG de défense de la liberté de la presse, qui reprochent à son gouvernement ses pressions sur les journalistes qui critiquent le pouvoir.
Avec AFP