L'organisation du pèlerinage à La Mecque est sous le feu des critiques après la bousculade qui a provoqué la mort de 769 fidèles jeudi. Plusieurs pays, l'Iran et la Turquie en tête, ont dénoncé des défaillances et des négligences.
L'Arabie saoudite a eu beau promettre une enquête "rapide et transparente", Riyad reste pointée du doigt dans la tragédie survenue jeudi, au premier jour du pèlerinage de La Mecque. Selon un nouveau bilan donné samedi 26 septembre, 769 personnes sont mortes et 934 autres ont été blessées au cours d'une gigantesque bousculade à Mina, l'un des lieux du pèlerinage.
L'Iran, dont au moins 131 ressortissants ont été tués dans l'accident, a exigé d'être associé à l'enquête des autorités saoudiennes. Téhéran a vivement mis en cause son rival régional, dénonçant des failles dans la sécurité. À New York, où il doit participer à l'Assemblée générale de l'ONU, le président iranien Hassan Rohani a ainsi demandé au "gouvernement saoudien d'accepter ses responsabilités".
Mauvaise gestion et manque d'expérience
Le premier vice-président iranien, Es-hagh Jahanguiri, a de son côté déclaré qu'il n'y avait "aucun doute sur la mauvaise gestion et le manque d'expérience des responsables" du pèlerinage, le Hadj, qui se termine ce samedi. Alors que le chargé d'affaires saoudien à Téhéran a été convoqué pour la seconde fois en deux jours au ministère iranien des Affaires étrangères, une manifestation a eu lieu après la prière du vendredi dans la capitale iranienne pour dénoncer un "régime malveillant et incompétent", selon un communiqué d'un conseil qui organise les manifestations officielles.
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En Turquie, un dirigeant du parti islamo-conservateur au pouvoir a dénoncé "les négligences" des Saoudiens et proposé que son pays organise le Hadj car "les lieux saints de l'Islam appartiennent à tous les musulmans". Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a pris la défense de Riyad en se dissociant des "déclarations hostiles à l'Arabie saoudite".
Le président nigérian Muhammadu Buhari, dont le pays déplore trois morts, a quant à lui "exhorté le roi Salmane à s'assurer qu'une enquête minutieuse et approfondie identifiera d'éventuelles carences dans l'organisation du Hadj".
Comme le Nigeria, certains gouvernements ont communiqué un nombre des ressortissants parmi les pèlerins décédés, dont le Niger (19), l'Inde (14), l'Égypte (14) ou le Pakistan (7).
L'organisation du Hadj sera revue
Pour calmer les vélléités, le roi Salmane d'Arabie saoudite a ordonné "un réexamen" de l'organisation du pèlerinage, qui est, avec deux millions de personnes attendues cette année, l'un des plus grands rassemblements religieux annuels dans le monde. L'Arabie saoudite était déjà sous le feu des critiques avant même le début du Hadj, quand 109 personnes sont mortes dans l'effondrement d'une grue sur la Grande mosquée de La Mecque.
Sur les lieux du drame, à Mina, la foule était moins compacte vendredi que la veille pour la suite du rituel de la lapidation de Satan. Soucieux de terminer le pèlerinage malgré tout, des fidèles s'adonnaient au rituel qui consiste à jeter des cailloux en direction de trois stèles, symbolisant Satan selon la tradition musulmane.
"Il n'y a pas de problème sur le site des stèles. Un bon système a été mis en place pour faciliter le mouvement" des pèlerins, expliquait Ahmed Awadh, un pélerin égyptien. Un Syrien, Abdel Aziz, était plus fataliste : "Je m'en remets à Dieu. Je n'ai pas peur".
"C'est mieux organisé et il y a plus de contrôles" sur le site, a confirmé Aminu Abubakar, un reporter nigérian de l'AFP effectuant le pèlerinage et qui a survécu au drame pour avoir été en tête de la procession.
Certains pèlerins critiquaient toutefois la mauvaise gestion des déplacements des pèlerins rassemblés à Mina, une cité de tentes blanches. "L'Arabie saoudite dépense beaucoup d'argent pour le Hadj, mais l'organisation est défaillante", déclarait Ahmed, un autre pèlerin égyptien.
Avec AFP