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Burkina Faso : les ministres dissolvent le régiment putschiste

Le conseil des ministres burkinabè s'est réuni au Burkina Faso, vendredi, pour la première fois depuis le coup d'État avorté du 16 septembre. Premières décisions : la dissolution du régiment putschiste, le RSP, et le maintien du couvre-feu.

Le processus de transition politique reprend au Burkina Faso. Et comme un symbole, le conseil des ministres a de nouveau siégé, vendredi 25 septembre, après avoir été le théâtre du coup d’État le 16 septembre dernier. Les militaires putschistes avaient en effet fait irruption en plein conseil et pris le président et le gouvernement en otage, avant d’annoncer le putsch le lendemain.

Cette fois, pas d’étincelles. Le gouvernement de transition s'est réuni à 10 heures locales et GMT dans les bureaux du Premier ministre, "un cadre plus serein", selon le Premier ministre Isaac Zida, que le palais présidentiel où se déroule habituellement ces conseils. D'importantes mesures de sécurité avaient été mises en place aux alentours.

Désarmement ?

Lors de ce conseil pas comme les autres, les ministres ont dû décider du sort du RSP, le fameux régiment de sécurité présidentielle, à l’origine du putsch. À la sortie du conseil, Isaac Zida est resté évasif, évoquant d’abord "l'encasernement des hommes [du RSP]" avant de lancer aux journalistes : "Désarmement et dissolution, pourquoi pas ?" Et à la question "Quand ?", il a répondu : "Immédiatement". Mais le compte-rendu du conseil des ministres va plus loin et rapporte en fait la prise d’un décret qui "dissout le Régiment de sécurité présidentielle (RSP)".

Autre information incertaine : concernant le désarmement des unités putschistes, le Premier ministre a affirmé que "le processus se déroule normalement". L’inventaire de l'armement du RSP devait être dirigé par le général putschiste Gilbert Diendéré avant que les armes ne réintègrent les casernes.

Mais malgré les propos rassurants de Zida, ce désarmement ne semblait pas acquis, vendredi, selon un haut gradé du RSP. Ainsi, les militaires de base du RSP, établis à la caserne Naaba Koom, proche de la présidence, s'y "sont catégoriquement opposés", réclamant au préalable des garanties de sécurité pour eux et leurs familles. "Ils ne sont pas contre le fait de ne plus assurer la sécurité présidentielle mais ils souhaiteraient rester en unité constituée pour être plus efficaces même s'il faut les délocaliser", a encore dit ce haut gradé.

Le Premier ministre a enfin laissé entendre qu'allait être mise en place "une commission d'enquête sur le déroulement" du coup d'État. En parallèle, le procureur général de la République, Laurent Poda, a ouvert sa propre enquête judiciaire. Par ailleurs, le couvre-feu sera maintenu pendant "deux à trois jours".

Au moins 10 morts au cours du putsch avorté

Le putsch du 16 septembre avait avorté mercredi, après que des unités loyalistes eurent fait mouvement vers la capitale pour s'opposer au RSP, suite à des violences ayant fait au moins 10 morts et plus de 100 blessés, lors de la répression de manifestations hostiles au coup d'État.

Michel Kafando a été officiellement rétabli dans ses fonctions de président de la transition, ainsi que le Premier ministre Zida, l'ensemble du gouvernement et l'assemblée intérimaire, lors d'une cérémonie jeudi à Ouagadougou, en présence de chefs d'État de la région.

Le putsch avait mis un coup d'arrêt à l'organisation d'élections générales prévues le 11 octobre et censées clore la période de transition ouverte par la chute de l'ex-président Compaoré, renversé lors de manifestations de rue contre une modification de la Constitution pour lui permettre de rester au pouvoir.

Avec AFP