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La Warner perd le droit de se faire des millions grâce à la chanson "Happy Birthday"

La justice américaine a affirmé, mardi, que la célèbre chanson d’anniversaire anglophone "Happy Birthday" appartenait au domaine public. Une défaite pour le studio Warner-Chappell qui assurait en détenir les lucratifs droits d’auteur.

"Happy Birthday" est libre… enfin. Un juge californien a décidé, mardi 22 septembre, que la fameuse version anglophone de la chanson "Joyeux anniversaire" appartenait du domaine public.

Anecdotique ? Pas tant que cela. Le studio Warner-Chappell soutenait depuis des décennies qu’il en détenait le droit d’auteur. La maison de production musicale de Time Warner pouvait donc collecter des royalties à chaque diffusion à la télévision, sur l’Internet et dans n’importe quel espace public. Elle ne s’en privait pas puisque "Happy Birthday" rapportait environ deux millions de dollars par an, rappelle le "Los Angeles Times".

Flou historique et juridique

La réalisatrice Jennifer Nelson en a fait l’amère expérience. Elle a dû payer 1 500 dollars pour pouvoir inclure cette chanson dans un documentaire consacré à son histoire, actuellement en production. En 2013, elle a décidé, pour cette raison, d’assigner Warner-Chappell en justice.

Deux ans plus tard, le juge George H. King lui a donné raison. Il est même allé jusqu'à affirmer que la maison de production n'avait jamais détenu le moindre droit sur cette chanson anglophone, la plus connue du monde à en croire le "Guiness Book des records".

Comment Warner-Chappell a pu prétendre que ce "Joyeux anniversaire" lui appartenait jusqu’en 2030 ? Le studio a pu profiter d’un flou historique qui s’est transformé en flou juridique. À l’origine, la très célèbre mélodie a été composée par deux sœurs, Mildred et Patty Smith Hill, pour une chanson intitulé "Good morning to All" en 1893. Il n’y a donc pas de doute : l'air appartient au domaine public (les éventuels droits d’auteurs durent au maximum 95 ans).

Paroles, paroles

Il en va tout autrement des paroles. Personne ne sait vraiment qui les a composées, ou plutôt qui a fait concorder la musique avec les paroles. Warner-Chappell a toujours soutenu qu’une troisième sœur Hill avait réussi, en 1935, à démontrer que "Happy Birthday" était un plagiat de "Good Morning All" et avait pu ainsi prétendre aux droits d'auteurs sur la chanson. Elle travaillait alors avec la société de production Clayton F. Summy Publishing Co. qui aurait fini par en céder les droits à Warner-Chappell.

Mais cette version a toujours été contestée. Plusieurs articles - et même une étude universitaire publiée en octobre 2010 - ont essayé de percer le mystère des origines de "Happy Birthday" pour savoir si la chanson appartenait à tout le monde ou seulement à Warner-Chappell.

Le juge californien n’a, quant à lui, pas joué au Sherlock Holmes de l’histoire musicale américaine. Il s’est contenté de déclarer qu’à ses yeux, Warner-Chappell n’avait aucune preuve du fait que les sœur Hills avaient transmis à Summy Publishing Co. les droits sur les paroles de la chanson. Au regard de la justice, a poursuivi le magistrat, le studio de la Warner pourrait au mieux prétendre à un copyright sur la mélodie de "Good morning to All"... ce qui ne lui sert à rien puisque, comme démontré plus haut, les droits ont expiré depuis longtemps. La maison de production peut encore faire appel de cette décision.

Au delà des recours possibles, reste une question : que va-t-il advenir des millions de dollars perçus par Warner-Chappell au nom d’un droit d’auteur qui n’aurait jamais existé ? Ce point "sera débattu plus tard", a affirmé un représentant des plaignants.

Tags: Musique, Justice,