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Vives tensions à Ouagadougou, les négociations avec Diendéré se poursuivent

Ouagadougou retient son souffle après le coup d’État mené par le général Diendéré. Les présidents sénégalais et béninois poursuivent samedi leur médiation sur place, après s'être déjà longuement entretenus la veille avec le général putschiste.

La capitale burkinabè retient son souffle, samedi 19 septembre, quelques jours après le coup d’État fomenté par le général Gilbert Diendéré contre le gouvernement de transition. À Ouagadougou, où les appels à la "désobéissance civile" se sont multipliés, les maisons de deux anciens proches de l'ex-président Blaise Compaoré - Simon Compaoré, ancien maire de la ville et Salif Diallo qui ont tous deux rejoint les rangs de l'opposition en 2014 - ont ainsi été saccagées dans la nuit de vendredi à samedi. Seuls quelques marchés et magasins ont rouvert samedi matin. Mais la plupart des stations-service et des banques restent fermées.

Des centaines de manifestants ont par ailleurs enflammé des pneus et érigé des barricades dans les rues de Ouagadougou afin d'empêcher les soldats du général putschiste Gilbert Diendéré de progresser dans la ville.

Les violences qui ont accompagné le coup d'État ont fait au moins 10 morts et 113 blessés, a indiqué l’AFP, citant une source hospitalière.

Dans le même temps, dans un hôtel de la capitale, les présidents sénégalais et béninois poursuivent samedi leurs consultations après s'être déjà longuement entretenus la veille avec Gilbert Diendéré, dans l'espoir de permettre au pays censé se rendre aux urnes en octobre de reprendre rapidement "sa marche vers la démocratie". Ils doivent reprendre leurs pourparlers avec le général putschiste, qui a multiplié auprès d'eux les gages de bonne volonté.

Arrivés la veille au Burkina, le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), ainsi que son homologue béninois Thomas Boni Yayi doivent rencontrer samedi des membres de l'opposition, des syndicats ainsi que des hauts gradés militaires. Ils se sont également entretenus avec le président du régime de transition du Burkina Faso, Michel Kafando, libéré jeudi soir et placé en résidence surveillée après avoir été séquestré par les putschistes.

Suspension du Burkina Faso de l'UA

"Nous voulons tout simplement avoir des propositions pour aller aux élections dans la sérénité dans la paix, et faire en sorte que les résultats soient incontestés et incontestables", a assuré Gilbert Diendéré sur TV5 Monde vendredi soir.

Macky Sall, lui, a appelé vendredi en fin de soirée à lancer "une dynamique de réconciliation nationale, de pardon, arrêter la violence, faire en sorte qu'un schéma accepté par tous et bien entendu de la communauté internationale, puisse permettre au pays de se repositionner dans sa voie et dans sa marche vers la démocratie".

En attendant, l'Union Africaine a annoncé vendredi la suspension du Burkina Faso ainsi que des sanctions à l'encontre des putschistes, frappés d'une interdiction de voyager et d'un gel des avoirs dans tous ses États membres.

Le RSP, unité d'élite de l'armée forte de 1 300 hommes dirigée par le général Diendéré, a pris le pouvoir jeudi en accusant les autorités d'avoir dévoyé le régime de transition post-Compaoré, notamment en excluant des élections d'octobre les partisans de l'ex-homme fort.

Diendéré a nié être téléguidé par Compaoré

Le Burkina Faso a connu depuis son indépendance en 1960 de nombreux coups d'État militaires. Le général Diendéré avait joué un rôle clé dans le putsch de 1987 qui avait porté au pouvoir Blaise Compaoré et s'était soldé par la mort du président Thomas Sankara.

Brusquement passé de l'ombre à la lumière, le général Diendéré, qui nie être téléguidé par son mentor et ancien chef Blaise Compaoré, a promis d'organiser "rapidement" des élections. On ignore où se trouve l'ex-président, qui réside habituellement en Côte d'Ivoire voisine depuis son exil forcé.

Avec AFP