
La coalition arabe, menée par l'Arabie saoudite et les forces pro-gouvernementales yéménites, prépare une opération terrestre d'envergure pour arracher la capitale Sanaa aux rebelles houthis.
Sanaa est plus que jamais dans le viseur de la coalition militaire arabe menée par l’Arabie saoudite, aux côtés des forces pro-gouvernementales. Leur objectif : conquérir la capitale yéménite aux mains, depuis un an, des rebelles chiites houthis et des unités militaires restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh.
Après avoir pris le contrôle d’Aden, la grande ville du Sud, ainsi que cinq provinces du pays, la coalition a sorti les grands moyens pour reprendre Sanaa, et le nord du Yémen. En effet, après avoir lancé leur intervention, fin mars, afin de rétablir l'autorité le gouvernement du président Abd-Rabbou Mansour Hadi, en misant au départ sur une campagne de raids aériens, plusieurs pays arabes du Golfe - Arabie saoudite, Qatar et Émirats arabes unis - ont opté par pour la solution terrestre.
"Une nouvelle phase plus meurtrière"
La coalition a récemment déployé des troupes au sol, entre 5 000 et 10 000 hommes, selon différentes sources militaires, et appuyé par des centaines de blindés et des chars de combat. Ainsi, outre les troupes émiraties et leurs chars français Leclerc, un millier de soldats qataris et au moins autant de Saoudiens sont présents sur le sol yéménite. La coalition arabe peut également compter sur les forces loyales au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi et des tribus sunnites hostiles aux rebelles chiites soutenus par l’Iran.
"La bataille de Sanaa sera sanglante" a prévenu April Longley, spécialiste du Yémen au sein de l'International Crisis Group. "Le pays se prépare à une nouvelle phase plus meurtrière", a-t-elle ajouté. Le 11 septembre, de nouveaux renforts en hommes et en équipements militaires ont été acheminés au Yémen à l'est de la capitale. Et ce, après la mort, le 4 septembre, de 67 militaires - 52 Émiratis - dans une attaque au missile dans la province pétrolière de Marib.
Le bilan de cette attaque, qui a été revendiquée par les rebelles et qui a provoqué l’ire des pétromonarchies du Golfe, a constitué "un tournant" pour la coalition qui prépare "un plus grand déploiement de troupes", explique Andreas Krieg, consultant pour les forces armées du Qatar et professeur au King's College de Londres.
Lancée le 13 septembre, l'offensive pour la conquête de Sanaa se concentre pour l’instant sur trois axes stratégiques situés dans le nord-ouest de Marib, sur la route de la capitale, avec pour objectif d’obturer les voies d'approvisionnement des Houthis. En outre, les forces progouvernementales tentent d'avancer à partir d'Al-Aber, localité située non loin de la frontière avec l'Arabie saoudite, vers quatre zones situées dans le nord-ouest de la province de Marib, en direction de Sanaa.
Prendre la capitale avant de négocier
Selon April Longley "il n'y a pas de solution militaire" au conflit et "une victoire complète sur les Houthis sera difficile, sinon impossible, dans le Nord". Or, pour l’instant, les opérations sur le terrain et des raids aériens contre les positions tenues par les Houthis indiquent que la coalition exclut de négocier avant la prise de Sanaa, qui la placerait en position de force. La tenue de pourparlers de paix annoncée par l'ONU pour cette semaine semble compromise.
Visiblement préparé à résister à une offensive de grande envergure, les Houthis résistent avec acharnement. La rébellion a en effet affirmé avoir repoussé deux attaques et infligé de "lourdes pertes" humaines et matérielles aux "mercenaires de la coalition de l'agression saoudienne", selon l'agence de presse Saba qu'ils contrôlent.
Toujours est-il que malgré l’intensification des combats, l'ONU a affirmé qu'elle poursuivrait ses efforts pour convaincre les belligérants de s’assoir sur la table des négociations. Son émissaire pour le Yémen devrait ainsi arriver mardi à Riyad pour de nouvelles consultations.
Avec AFP