Les divisions de l'UE sur la question des réfugiés se sont exprimées samedi dans la rue. Des manifestations de soutien ont eu lieu à Londres, Berlin ou Copenhague, tandis que des rassemblements contre se sont tenus à Varsovie, Prague ou Bratislava.
De Londres à Copenhague, des dizaines de milliers d'Européens sont descendus dans la rue, samedi 12 septembre, pour réclamer plus de générosité à l'égard des réfugiés qui affluent dans l'UE, tandis que des milliers d'autres ont exigé le contraire à Varsovie ou Prague.
À Londres, derrière des banderoles "Ouvrez les frontières" ou "la vie des réfugiés compte", des dizaines de milliers de personnes ont réclamé au gouvernement de David Cameron une politique d'accueil plus généreuse pour les réfugiés qui cherchent asile en Europe en traversant la Méditerranée, les Balkans et l'Europe centrale.
Le "premier geste" du tout nouveau leader du parti travailliste Jeremy Corbyn, élu dans la matinée, a été de se joindre à la manifestation, au son des tambours, après avoir appelé le gouvernement à plus de "compassion".
Sous la pression, David Cameron a pourtant récemment annoncé l'accueil de 20 000 réfugiés syriens supplémentaires sur cinq ans. Mais pour Dusan Petkovic, un des manifestants londoniens interrogé par l'AFP, ce chiffre est "pathétique".
Au Danemark, 30 000 personnes ont défilé à Copenhague, et quelques centaines dans d'autres villes d'un pays qui s'est engagé dans un durcissement de sa législation sur l'immigration. Cette semaine, le pays a momentanément bloqué son trafic ferroviaire pour empêcher le passage des migrants.
Manifestation à la bougie à Berlin
En France, alors que le président François Hollande s’est rendu samedi après-midi dans un centre accueillant une centaine de demandeurs d’asile syriens à Cergy-Pontoise, le gouvernement, qui s'est engagé à accueillir 24 000 réfugiés d'ici l'an prochain, a annoncé la création de nouvelles places d'hébergement. Leur nombre exact sera dévoilé mercredi par le Premier ministre Manuel Valls.
En parallèle, la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, et le président du conseil d’orientation du Musée national de l’histoire de l’immigration, Benjamin Stora, ont organisé, samedi à Paris, une journée débat intitulée "12 heures pour changer de regard sur les migrations". Le but de cette initiative était, selon les mots de la ministre, de "réfléchir ensemble et collectivement" pour apporter "des réponses aux peurs et aux inquiétudes" des Français face à l’arrivée de ces nombreux réfugiés syriens.
itParis a aussi annoncé un renforcement de la "contribution" française aux organismes des Nations unies qui s'occupent des millions de réfugiés dans les pays voisins de la Syrie.
Les manifestants en faveur de l'accueil des migrants étaient également plusieurs milliers à Madrid, un millier à Stockholm, autant à Helsinki ou à Lisbonne.
En Allemagne, devenue championne de l'accueil des réfugiés avec 450 000 nouveaux entrants enregistrés depuis le début de l'année, une manifestation à la bougie était attendue en soirée à Berlin.
Sur la seule journée de samedi "jusqu'à 13 000" réfugiés étaient attendus à la gare de Munich, selon les autorités régionales. La chancelière Angela Merkel a appelé en particulier les femmes réfugiées à apprendre l'allemand et à ne pas rester isolées dans leur communauté d'origine pour favoriser leur intégration.
Violences à Varsovie
Autre ton de l'autre côté de l'ex-rideau de fer. À Varsovie, plusieurs milliers de personnes (10 000 selon les organisateurs) arboraient des banderoles : "l'islam, c'est la mort de l'Europe", tandis qu'un homme de couleur a été roué de coups par des manifestants avant d'être évacué par le service d'ordre de la manifestation, selon un photographe de Reuters.
"Nous sommes là pour que (...) la décision d'accueillir les musulmans soit abandonnée", a lancé l'un des organisateurs à la foule, qui a fait une prière à la Vierge Marie. Varsovie a accepté d'accueillir 2 000 réfugiés mais refuse la logique des quotas.
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D'autres manifestations du même type, réunissant des centaines de participants, ont eu lieu à Bratislava et Prague, où les orateurs ont appelé le gouvernement à quitter l'UE.
Plus de 430 000 migrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée depuis janvier, et près de 2 748 y ont péri ou disparu, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). La moitié de ceux qui sont arrivés sont des Syriens fuyant les bombardements du régime et les exactions de l’organisation de l'État islamique, dans un pays où plus de la moitié de la population a quitté son foyer depuis le début du conflit en 2011.
Avec AFP et Reuters