
L'agriculteur français Paul François a obtenu de la cour d'appel de Lyon une condamnation inédite en France de Monsanto pour intoxication, jeudi. Le géant américain se réserve la possibilité de se pourvoir en cassation.
"Le pot de terre peut gagner contre le pot de fer". L'agriculteur charentais Paul François a accueilli en ces termes la condamnation en appel, jeudi 10 septembre, du géant américain Monsanto pour intoxication avec un herbicide pour le maïs. La multinationale des pesticides doit indemniser "entièrement" le plaignant.
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Ce verdict, qui confirme le jugement de première instance, marque la fin d'un combat judiciaire long de huit ans, bien que Monsanto puisse encore se pourvoir en cassation. Paul François devient, ainsi, le premier agriculteur français a faire plier en justice le puissant groupe américain.
Ce céréalier de 47 ans souffre depuis une décennie de troubles neurologiques importants qui l'obligent à subir des tests cliniques tous les six mois. Ces dommages résultent, d'après le jugement, de l'inhalation en 2004 de vapeur du Lasso, un herbicide du groupe Monsanto.
Le monochlorobenzène en cause
Il avait entamé son combat judiciaire contre la firme américaine en 2007. Paul François estimait que Monsanto connaissait à l'époque l'existence du risque pour la santé humaine de l'un des principaux composants de son Lasso : le monochlorobenzène. Le même herbicide avait déjà été interdit en 1985 au Canada, en 1992 au Royaume-Uni et en Belgique. En France, les autorités ne décident de faire retirer le Lasso de la vente qu'en 2007.
Au fil des ans, Paul François est devenu un symbole pour tous ceux qui dénoncent les dangers de l'utilisation à outrance des herbicides et pesticides dans l'agriculture intensive, raconte le quotidien "Le Monde". Sa victoire en justice est une "étape importante pour toutes les autres victimes des pesticides qui espèrent voir enfin confirmée la responsabilité des firmes dans la survenue des maladies qui les touchent", a réagi dans un communiqué Maria Pelletier, présidente de l’ONG Générations futures.
Avec AFP