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Depuis la guerre de 12 jours avec Israël, une répression accrue est observée en Iran
Une Mission indépendante de l'ONU s'inquiète jeudi d'une hausse de la répression en Iran consécutive aux frappes israéliennes de juin, alertant sur le sort des personnes arrêtées lors de la guerre, des journalistes et des minorités. "Un regain qui reflète une tendance récurrente", déplore la présidente de la mission.
Des équipes de secours dégagent les débris d'un bâtiment détruit lors d'une attaque israélienne à Téhéran, le 19 juin 2025. © Iranian Red Crescent, AFP

L'Iran a encore accru la répression depuis la guerre contre Israël en juin, a dénoncé jeudi 30 octobre une commission d'enquête des Nations unies (ONU), s'inquiétant notamment des violations des droits des minorités et des journalistes.

"Depuis mars de cette année, nous avons récolté des données montrant une nouvelle détérioration des droits humains en Iran", a déclaré Sara Hossain, présidente de la Mission internationale indépendante d'établissement des faits en Iran, créée par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU en 2022.

Et la répression ayant suivi les frappes israéliennes de juin "a encore restreint l'espace civique, sapé les procédures et érodé le respect du droit à la vie", a-t-elle ajouté devant l'Assemblée générale de l'ONU.

Elle a en particulier attiré l'attention sur le sort de 21 000 personnes arrêtées par les autorités iraniennes lors de cette guerre de douze jours entre l'Iran et Israël. "Selon des informations crédibles, cela incluait des avocats, des défenseurs des droits, des journalistes, et même des utilisateurs des réseaux sociaux qui avaient simplement publié des contenus sur les hostilités", a-t-elle assuré.

"La répression des minorités ethniques et religieuses sous le prétexte de sécurité nationale s'est également intensifiée", a déclaré Sara Hossain.

"Notre enquête montre également que le gouvernement iranien désactive continuellement les cartes SIM des journalistes", a-t-elle ajouté.

Et "la répression n'est pas circonscrite aux frontières de l'Iran. Nous avons reçu des informations indiquant que plus de 45 journalistes dans sept pays font face à des menaces graves pour avoir couvert les événements en Iran", a-t-elle insisté. "Ce regain de répression n'est pas un événement isolé mais reflète plutôt une tendance récurrente", a-t-elle ajouté.

Elle a ainsi comparé la situation actuelle à la répression des manifestations de 2022 liées à la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, arrêtée pour avoir prétendument enfreint la règle vestimentaire stricte imposée aux femmes. Des événements qui avaient conduit à la création de cette mission de l'ONU.

Enquête préliminaire sur les frappes sur la prison d'Evine

Sara Hossain s'est d'autre part inquiétée de l'augmentation des exécutions dans le pays. "Selon des informations crédibles, plus de 1 200 personnes ont été exécutées depuis le début de l'année, dépassant le total de 2024 qui était déjà un record en Iran" depuis 2015, a-t-elle déclaré.

La mission s'est également penchée sur les frappes israéliennes meurtrières sur la prison d'Evine.

"Notre enquête préliminaire montre que les frappes israéliennes ont touché des bâtiments civils dans le complexe de la prison, ne constituant pas des cibles militaires légitimes, et que les frappes étaient probablement intentionnelles", a-t-elle indiqué.

Les autorités iraniennes, elles, pourraient ne pas avoir pris "les mesures raisonnables pour protéger les détenus", évacués après les frappes et dont les familles n'ont parfois pas eu de nouvelles pendant des semaines.

Avec AFP