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Une nouvelle espèce du genre humain découverte en Afrique du Sud

L'Homo naledi a été présenté, jeudi, en Afrique du Sud. Cette espèce, appartenant à la famille de l'homme moderne, aurait vécu il y a plus de trois millions d'années.

"Je suis ravi de vous présenter une nouvelle espèce du genre humain". L'Homo naledi a été dévoilé au public, jeudi 10 septembre, par le professeur Lee Berger, de l'Université de Witwatersrand en Afrique du sud.

Il mesurait environ 1,5 mètre et pesait 45 kilos, tandis que son cerveau avait la taille d'une orange. L'Homo naledi vivait sur le continent africain il y a environ trois millions d'années.

Ses mains "laissent supposer qu'il avait la capacité de manier des outils", ses doigts étaient extrêmement incurvés. "Il est pratiquement impossible de distinguer ses pieds de ceux d'un homme moderne", précise un communiqué conjoint de l'université du Wits, la National Geographic Society et du ministère sud-africain des Sciences.

Découverte "remarquable"

L'Home naledi présente aussi des caractéristiques très particulières : "Certains aspects, comme ses mains, ses poignets et ses pieds, sont très proches de ceux de l'homme moderne. Dans le même temps, son petit cerveau et la forme de la partie supérieure de son corps sont plus proches du groupe pré-humain des australopithèques", explique le professeur Chris Stringer du Musée d'histoire naturelle de Londres.

Les chercheurs ont découvert, en 2013 et 2014, plus de 1 550 os appartenant à au moins 15 individus, dont des enfants. Cette découverte, "remarquable" selon le Musée d'histoire naturelle de Londres, représente le plus grand échantillon de fossiles hominidés jamais exhumés en Afrique.

Cette nouvelle espèce vient grossir les rangs des plus proches cousins germains de l’homme moderne. L’Homo naledi se fait une place aux côtés de l’homo erectus ou encore de l’homme de Néandertal. "C’est extrêmement rare de découvrir ainsi une espèce encore inconnue du genre humain", reconnaît Franck Guy, paléoanthropologue à l’Institut de paléoprimatologie et paléontologie humaine de l’Université de Poitiers, joint par France 24.

Homo ou pas homo ?

Ce genre de découverte est d’ailleurs à ce point exceptionnelle qu’il ne faut pas vendre la peau de l’homo avant de l’avoir certifiée d’origine contrôlée. "Toute la communauté scientifique va s’emparer de la question pour comparer ces fossiles avec ce que nous savons pour conclure s’il s’agit vraiment d’une nouvelle espèce, ce qui peut bien prendre 10 ans", précise le chercheur français.

La principale difficulté se trouve dans le fait de replacer précisément ces nouveaux individus dans la chaîne de l’évolution. "Ils se situent au carrefour des australopithèques et de l’homo habilis", souligne à France 24 Henry de Lumley, préhistorien et directeur de l’Institut de paléontologie humaine. Mais les scientifiques ne peuvent pas encore affirmer dans quel camps ce nouvel arrivant se trouve car "il n’y a pas de datation précise", rappelle Franck Guy. La datation d'environ trois millions d’années ne permet pas trancher le débat.

La discussion qui a son importance scientifique. L’australopithèque ne fait pas partie des "homo" auxquels appartient l’homme moderne. L’homo habilis était, jusqu’à présent, le premier représentant de ce genre qui se caractérise par "sa capacité à construire des outils, qui commence à conceptualiser et dont l’anatomie comporte tous les éléments nécessaires pour développer une forme de langage", explique Henry de Lumley. Le nouvel arrivant pourrait donc devenir le premier et plus vieux ancêtre direct de l'homme du XXIe siècle.

Ou alors, autre hypothèse, il est le dernier représentant des australopithèques, avant  l’ère du genre homo. Il s’agit dans tous les cas, affirme Henry de Lumley, d’un nouveau "pion" sur l’échiquier de l’évolution qui devrait permettre de mieux comprendre le passage entre les deux genres.