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Le Conseil constitutionnel ivoirien a écarté 23 des 33 dossiers de candidature à la présidentielle du 25 octobre. Tous les ténors de la politique du pays participeront toutefois au scrutin, dont le président sortant Alassane Ouattara est le favori.

Ils seront dix à briguer la magistrature suprême. Mercredi 9 septembre, le Conseil constitutionnel de la Côte d’Ivoire a dévoilé la liste définitive des candidats à l'élection présidentielle du 25 octobre, dont le président sortant, Alassane Ouattara, est le grand favori. La plus haute haute juridiction du pays, dirigée par Mamadou Koné, considéré comme un proche du chef de l’État, a finalement écarté 23 des 33 dossiers présentés.

Les principaux adversaires d’Alassane Ouattara seront l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny, Pascal Affi N'Guessan, candidat du Front populaire ivoirien (FPI) de l'ex-président Laurent Gbagbo, ou encore l'ancien président de l'Assemblée nationale Mamadou Koulibaly. Mais pour bon nombre d'observateurs, l’actuel chef de l’État, qui peut se targuer d’un bon bilan économique, pourrait remporter une victoire dès le premier tour, un objectif ouvertement affiché par le camp présidentiel.

Le grand absent de ce scrutin reste Laurent Gbagbo qui attend, dans une cellule de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, l'ouverture de son procès le 10 novembre pour crimes contre l'humanité en raison de son rôle présumé dans les violences électorales de fin 2010-début 2011.

L'éligibilité de Ouattara contestée

Avant même l'annonce officielle de la liste, les opposants les plus virulents au président sortant avaient déjà contesté sa candidature et appelé à manifester. Ils brandissent l'article 35 de la Loi fondamentale, qui stipule qu'un candidat à la présidentielle "doit être Ivoirien d'origine, né de père et de mère eux-mêmes Ivoiriens d'origine".

En 2010, lors de l'élection d’Alassane Ouattara, dont la nationalité a souvent été mise en doute par le passé, le Conseil constitutionnel n'avait pas eu à se prononcer puisque Laurent Gbagbo avait usé de l'article 48 de la Constitution, dans un contexte de crise politico-militaire, pour permettre à tous les candidats de se présenter.

Les "frondeurs" du FPI, qui ont décidé de boycotter le scrutin, estiment que "M. Ouattara n'est pas éligible au regard de la Constitution" et appellent jeudi à des "manifestations démocratiques publiques". La jeunesse de la Coalition nationale pour le changement (CNC), un groupement de personnalités politiques opposées au chef de l'État, a aussi appelé à des "marches sur toute l'étendue du territoire" à partir de jeudi. Les conditions d'"une élection apaisée ne sont pas réunies. Nous marchons pour éviter une nouvelle crise postélectorale", a expliqué à l'AFP Samba David, un des leaders de la CNC.

"Redorer le blason de la Côte d’Ivoire"

Le Conseil constitutionnel a souligné que sa décision "traduit d'abord la volonté de la juridiction Constitutionnelle d'éliminer désormais du contrôle de l'éligibilité des notions confligènes telles que celles d'être Ivoirien ‘d'origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d'origine’, ou de ‘ne s'être jamais prévalu d'une autre nationalité’". Les Sages ont aussi indiqué vouloir avec cette décision "redorer le blason de la Côte d'Ivoire quelque peu terni [...] par une embarrassante réputation d'État xénophobe et exclusionniste".

"La justice au nom du peuple de Côte d'Ivoire ne saurait déclarer inéligible un candidat que le même peuple avait déjà oint de son suffrage en 2010, en parfaite connaissance de tout ce qui avait pu se dire sur lui", a ajouté le Conseil.

Le ministre de l'Intérieur, Hamed Bakayoko, a mis en garde lundi contre tout désordre, prévenant "ceux qui s'agitent dans l'ombre pour perturber le déroulement de l'élection présidentielle que les moyens seront mis en place pour que ce scrutin soit sécurisé et apaisé".

Avec AFP