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Quelque 200 réfugiés sont arrivés en France, mercredi. Quarante-six d'entre eux ont été acheminés à Cergy, dans la banlieue parisienne, où les élus et les bénévoles, prévenus en urgence, tentent de répondre aux besoins.

Des visages fatigués mais souriants. À Cergy, en région parisienne, dans le Val-d’Oise, 46 réfugiés sont arrivés, mercredi 9 septembre, en provenance d’Allemagne. Chaleureusement accueillis par un soleil au zénith et une large banderole indiquant "Welcome", ils ont pris place sur l’île de loisirs de la ville, habituellement désertée en cette période de rentrée scolaire.

Il y a là des familles avec enfants et des hommes seuls, tous sont originaires d’Irak ou de Syrie. Ils ont les traits tirés, des milliers de kilomètres dans les jambes, et ils manquent de tout. Prévenus en urgence de leur arrivée, le centre de loisir et la ville de Cergy ont taché de s’adapter à leurs besoins : 70 personnes ont été déployées à la hâte, dont des médecins, des psychiatres, des traducteurs. Des élus locaux se sont ajoutés à cette foule ainsi que le recteur adjoint de l’académie de Versailles, venu sur place en vue d’éventuelles scolarisations d’enfants.

Dès leur descente du bus, les réfugiés se voient remettre un "kit d’hygiène", avant d’être pris en charge par les équipes médicales, psychologiques et administratives. Leur but : faire en sorte qu’ils obtiennent des papiers le plus rapidement possible, avant d’être répartis dans des communes "volontaires" aux quatre coins de la France. D’ici là, chaque famille dispose dans ce centre d’une chambre équipée sommairement de lits superposés, dont certains achetés à la hâte la veille. Au total, ce sont 115 lits qui peuvent être mis à disposition de migrants pour une durée maximale de huit semaines.

Dans ce centre, le coût de l’accueil, qui est pris en charge par l’État, s’élève à 40 euros par personne et par jour.

Fuir la Syrie en 2011, puis l’Irak en 2015

"Ils ont besoin de vêtements ! C’est le premier truc qu’ils demandent. Ils ont tout perdu dans les bateaux", résume une bénévole, au milieu d’une cohue de journalistes et d’élus.

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De fait, Abderrahim Ahmed Haji, un Syrien de 33 ans, n’a plus rien. Il a pris place sur des tables en bois disposées à l’extérieur, en compagnie de ses amis de fortune, et explique avoir fui il y a six semaines la ville d’Erbil, au Kurdistan irakien, où il s’était réfugié au début de l’année 2011, alors que débutaient les violences en Syrie. "Il n’y avait plus d’opportunités économiques alors je suis parti. Je suis passé par la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne, et finalement me voilà en France."

Un peu plus en retrait, un père de famille nourrit, tout sourire, son bébé au biberon en répondant aux questions des journalistes. Durant l’entretien de la famille avec un psychiatre, sa petite-fille de deux mois s’est enfin endormie, apaisée.

Non loin, Ahmad Janabi raconte "l’horreur" à Bagdad, qu’il a fui il y a à peine un mois. Après un long périple, notamment quatre jours d’errance dans la gare de Budapest, cet Irakien de 32 ans a été parmi les premiers migrants arrivés en Allemagne à accepter de venir en France. "Pour certains, la France n’était pas leur destination initiale", explique le préfet du Val-d’Oise, Yannick Blanc.

Désormais, Ahmad Janabi veut apprendre le français et faire des études en attendant de pouvoir, un jour peut-être, retourner en Irak.

Pour communiquer avec les réfugiés, les bénévoles se mettent au mime

Pour l’heure, la vie s’organise en France et, en raison d’un manque de traducteurs, les bénévoles communiquent tant bien que mal par gestes avec les réfugiés. "Tu peux enlever ton manteau si tu veux", mime l’un d’eux à une fillette, comme pour lui indiquer qu’elle ne repartira pas tout de suite.

De jeunes hommes font quelques pas dans la cour. "Il va falloir les accompagner pour tout. Certains veulent par exemple s’acheter des cigarettes, mais ils ne savent pas où aller et ils n’ont pas d’euros", relève Hassan el-Sayed, directeur des opérations chez Première urgence internationale. "Et puis, pour les enfants, il va falloir prévoir des activités."

Le travail ne devrait pas manquer pour les bénévoles, d’autant que, dès jeudi, un autre car en provenance de Munich doit amener une cinquantaine de migrants supplémentaires.

D'ici la fin de la semaine, Paris accueillera au total 1 000 personnes venues d'Allemagne et ayant obtenu le statut de réfugiés en France.