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La Commission européenne a proposé, lundi, de débloquer 500 millions d'euros, principalement en faveur des producteurs laitiers et porcins. Mais cette annonce est loin de satisfaire les milliers d'agriculteurs venus manifester à Bruxelles.

À l’issue d’une réunion d’urgence des ministres européens de l’Agriculture, la Commission européenne a annoncé, lundi 7 septembre, des mesures d’un montant de 500 millions d’euros en faveur des agriculteurs en difficulté, particulièrement touchés par la crise des marchés du lait et du porc.

"La Commission va proposer que la partie la plus significative" de ce montant soit "fournie à tous les États membres sous forme d'enveloppes pour soutenir le secteur laitier", a précisé l'exécutif bruxellois. Aucune clé de répartition en fonction des États et/ou des secteurs n'a toutefois été précisée.

La Commission assure également que les États membres les plus touchés auront droit à un "égard particulier". Sa réponse veut avoir un impact à trois niveaux : répondre aux difficultés de trésorerie des agriculteurs, stabiliser les marchés et s'attaquer au fonctionnement de la chaîne de production.

Ces propositions ont été immédiatement dénoncées par le principal syndicat européen, le Copa-Cogeca, qui a déploré un ensemble de mesures "bien loin du compte" pour indemniser les agriculteurs de la perte de leur principal marché à l'exportation, la Russie, "qui vaut 5,5 milliards d'euros par an", selon son secrétaire général Pekka Pesonen.

Ce syndicat avait organisé lundi une manifestation massive dans la capitale belge, réunissant entre 6 000 et 7 000 agriculteurs en provenance de toute l’Europe. La police a fait usage de canons à eau pour empêcher les protestataires d'approcher des bâtiments de l'Union européenne à Bruxelles, au milieu des pétards, des fusées, et des gaz lacrymogènes.

Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a également estimé que l'annonce de cette aide financière pour les éleveurs était une "forme de mépris" pour des agriculteurs qui attendaient des mesures plus fortes. "Il n'y a eu aucune réponse aux revendications, notamment sur l'embargo russe, seulement quelques aides. Je considère qu'il y a une forme de mépris", de la part des commissaires, "qui ne sont plus dans la vraie vie", a-t-il réagi par téléphone à l'AFP.

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La Commission européenne propose 500 millions d'euros d'aide d'urgence aux agriculteurs

"Des insuffisances de précisions"

De son côté, la France a, elle aussi, fait part de sa frustration à l'annonce de ces mesures. Il y a des "insuffisances de précisions de la Commission européenne sur les mesures et les financements", a estimé Stéphane Le Foll au cours d'une conférence de presse.

Le ministre de l'Agriculture a par ailleurs regretté que la Commission n'ait pas envisagé de relever le prix d'intervention à partir duquel l'UE décide d'acheter des stocks de lait en poudre et de beurre pour soutenir les cours du lait.

Ce sujet risque de revenir sur le tapis à la prochaine réunion des ministres de l'Agriculture mardi à Luxembourg. Le mécanisme de soutien a été activé cet été dans plusieurs pays, notamment en Lituanie et en Finlande, voisins de la Russie et particulièrement touchés par l'effondrement des marchés.

L'embargo russe sur les produits agricoles, décrété par Moscou en rétorsion aux sanctions prises par les Européens à la suite de la crise ukrainienne, pèse lourd sur les marchés, la Russie ayant été la destination de 10 % des exportations agricoles de l'UE. Le marché du lait en particulier souffre d'une surproduction au niveau mondial.  Outre le manque de débouchés en Russie, celle-ci est liée à une chute de la demande chinoise et à une augmentation de la production, en particulier en Europe depuis la fin des quotas au mois de mars.

Avec AFP