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À Gaza, les journalistes de l’AFP risquent de "mourir de faim"
La Société des journalistes de l’AFP alerte sur une situation inédite. Elle craint de voir ses collaborateurs toujours présents à Gaza "mourir de faim". Affaiblis physiquement et moralement, certains de ces journalistes n’ont plus la force de travailler et lancent des appels au secours quotidiens.
Un Palestinien emporte des sacs de farine lors d'une distribution de l'organisation indépendante Save Youth Future Society, en coordination avec le Programme alimentaire mondial de l'ONU, à Gaza, le 26 juin 2025. © AFP, Bashar Taleb

"Depuis que l'AFP a été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n'a le souvenir d'avoir vu un collaborateur mourir de faim", a alerté, lundi 21 juillet, la Société des journalistes (SDJ) de l’AFP, qui craint pour la vie de ses 10 journalistes toujours à Gaza.

Sur place, plusieurs de ses collaborateurs sont brisés par la faim. L’un d’entre eux, un photographe de 30 ans, dit "ne plus avoir la force de travailler pour les médias". "Mon corps est maigre et je ne peux plus travailler", écrit Bashar, samedi, sur Facebook. Le journaliste vit depuis février dans les ruines de sa maison de Gaza City avec sa mère, ses quatre frères et sœurs et la famille d'un de ses frères.

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À Gaza, les journalistes de l’AFP risquent de "mourir de faim"
Gaza : Israël utilise "l'arme de la famine", selon un journaliste indépendant © France 24
06:37

L'ONU et des ONG font régulièrement état d'un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé par Israël après plus de 21 mois de conflit, déclenché par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

"Nous risquons d'apprendre leur mort à tout moment"

"Nous voyons leur situation empirer. Ils sont jeunes et leur force les quitte. La plupart n'ont plus la capacité physique de parcourir l'enclave pour faire leur métier. Leurs appels au secours, déchirants, sont désormais quotidiens", alerte la SDJ de l’agence de presse.

Si ses journalistes reçoivent un salaire mensuel, cela ne leur permet même plus de subvenir à leurs besoins. "Il n'y a rien à acheter ou alors à des prix totalement exorbitants" explique la SDJ. "Nous risquons d'apprendre leur mort à tout moment et cela nous est insupportable".

"Depuis des mois, nous assistons, impuissants, à la détérioration dramatique de leurs conditions de vie. Leur situation est aujourd'hui intenable, malgré un courage, un engagement professionnel et une résilience exemplaires", affirme un communiqué de l'AFP.

Les déplacements des reporters dans l’enclave palestinienne sont eux aussi rendus impossibles par la pénurie d’essence, mais aussi pour des questions de sécurité. "Circuler en voiture équivaut de toutes les façons à prendre le risque d'être une cible pour l'aviation israélienne. Les reporters de l'AFP se déplacent donc à pied ou en charrette tirée par un âne", écrit la SDJ.

Avec quelques autres, les collaborateurs de l’AFP sont aujourd'hui les seuls à rapporter ce qu'il se passe dans la bande de Gaza, la presse internationale étant interdite d'entrer dans ce territoire depuis près de deux ans.

Jean-Noël Barrot appelle à l'ouverture de Gaza aux journalistes

La SDJ de France Médias Monde avait elle aussi alerté en mai sur le sort de ses collaborateurs, "en danger de mort" dans l’enclave palestinienne et demandé leur évacuation. Une tribune soutenue par les SDJ de nombreux médias.

En juin, France Médias Monde, aux côtés de près de 200 organisations de défense de la liberté de la presse et de rédactions internationales, a signé un appel à l'ouverture de Gaza aux journalistes internationaux et à la protection des journalistes palestiniens.

Aujourd’hui, c’est le ministre français de Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui exige que "la presse libre et indépendante puisse accéder à Gaza pour montrer" ce qu'il se passe dans le territoire en danger de famine après 21 mois de guerre. "Nous avons l'espoir de pouvoir faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines", a ajouté le ministre mardi sur France Inter, interrogé sur le cas des collaborateurs de l'AFP.

Selon Reporters sans frontières (RSF), plus de 200 journalistes ont été tués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023.  "Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza, il n’y aura bientôt plus personne pour vous informer", alerte RSF.

Avec AFP