
Plus d'un millier de tracteurs venus de toute la France sont attendus ce jeudi à Paris. Une action des agriculteurs, qui protestent contre la chute des prix et les contraintes technocratiques. Une délégation doit être reçue par Manuel Valls.
Un convoi d'agriculteurs bretons et normands a quitté, jeudi 3 septembre, Douains, dans l’Eure, pour Paris, où plus d'un millier de tracteurs sont attendus pour exprimer la colère d'un monde paysan qui se sent étranglé par la chute des prix et l'empilement des normes. Ce cortège s'est ensuite rassemblé au péage du Buchelay, dans les Yvelines, près de Mantes-la-Jolie, dernier péage de l'A13 avant Paris.
La préfecture de police de Paris a invité les Franciliens à utiliser les transports en commun pour se rendre dans la capitale, qui risque d'être bloquée par les files de tracteurs qui vont remonter les autoroutes puis le périphérique, avant de se rassembler place de la Nation.
Dès 6h30 (heure de Paris), les différents cortèges ont convergé vers la porte de Vincennes, dans le sud-est parisien, par les autoroutes A1, A4, A6, A10 et A13. L'objectif des agriculteurs n'est pas de bloquer les routes, mais vue la vitesse réduite des tracteurs (35 km/h environ), ce déplacement prendra forcément des allures d'opération escargot. La circulation sera donc fortement ralentie sur les autoroutes en direction de la capitale jusqu'en début d'après-midi, prévoit la préfecture.
Les agriculteurs devraient réemprunter les mêmes itinéraires en fin de manifestation, encombrant les autoroutes dans le sens Paris-province l'après-midi. Mais leur départ immédiat n'est pas garanti : certains agriculteurs n'excluent pas de camper sur place s'ils ne sont pas satisfaits des réponses apportées par le gouvernement à leurs revendications.
"Déterminés"
Il ne s'agira pas d'un "défilé folklorique, ni d'une parade de tracteurs [...] Les agriculteurs sont déterminés", insiste Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, premier syndicat agricole du pays.
Après la série de crises qui ont frappé tour à tour les productions laitière, bovine et porcine, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) ont appelé les paysans à crier leur désarroi dans les rues de la capitale "pour éviter que l'agriculture française ne parte en liquidation".
>> À voir dans la Revue de presse : "Agriculteurs, une colère sans mots"
Selon le dernier pointage mercredi, "1 512 tracteurs" ont été enregistrés dans les convois partis de l'Ouest, du Massif Central, du Val-de-Loire, de Bourgogne et de Rhône-Alpes. Quelque 4 000 à 5 000 agriculteurs devraient rejoindre la capitale en autocars et en train.
Ensuite, les tracteurs resteront stationnés place de la Nation. Une délégation se rendra à l'Assemblée nationale, escortée d'une dizaine de tracteurs. Puis les principaux dirigeants syndicaux seront reçus par le Premier ministre, Manuel Valls. Après plus de 500 actions syndicales cet été, FNSEA et JA attendent un "engagement de la part des pouvoirs publics" en faveur des exploitants aux trésoreries exsangues.
En premier lieu, ils réclament un "année blanche pour les traites bancaires afin de redonner du souffle aux exploitations et de leur permettre de payer leurs fournisseurs", selon Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA.
Le chef de l'État "nous a fait comprendre que cela allait être accepté", affirmait mercredi Bernard Lannes, président du syndicat minoritaire Coordination rurale, après une rencontre avec François Hollande. Ce syndicat, marqué à droite, se désolidarise toutefois de la mobilisation de la FNSEA, y voyant une "prise en otages" des Parisiens.
Empilement bureaucratique
Par ailleurs, les agriculteurs attendent une réponse à leur demande de moratoire sur les normes, environnementales notamment, dont ils dénoncent l'empilement bureaucratique. Ils estiment que la France "va au-delà des contraintes européennes" dans sa transposition des textes communautaires.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a assuré que "le gouvernement travaille pour apporter des réponses", ajoutant que le conseil européen de l'agriculture lundi prochain permettra de les compléter.
Le contexte mondial est globalement défavorable aux producteurs français, entre l'embargo russe sur les produits agroalimentaires, la fin des quotas laitiers en Europe et le ralentissement économique de la Chine qui réduit ses achats agricoles. Les agriculteurs dénoncent aussi la guerre des prix entre les enseignes de la grande distribution, qui tire toute la chaîne de production vers le bas.
Avec AFP