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Mort d'Arafat : la justice française ordonne un non-lieu dans l'enquête pour assassinat

Les juges chargés de l'enquête pour assassinat concernant Yasser Arafat, l'ancien président de l'Autorité palestinienne, ont rendu mardi une ordonnance de non-lieu. La veuve du leader va faire appel.

La justice française a tranché : le leader palestinien Yasser Arafat n’a pas été empoisonné. Les juges chargés de l'enquête pour "assassinat" ouverte après la mort, en 2004, de l’emblématique chef de l’Autorité palestinienne ont ordonné mardi un non-lieu dans cette affaire, faute de "preuve suffisante", a annoncé mercredi 2 septembre le procureur de Nanterre.

Les trois juges, dont la décision est conforme aux réquisitions du parquet, ont estimé "qu'à l'issue des investigations (...), il n'est pas démontré que M. Yasser Arafat ait été assassiné par empoisonnement au polonium 210, et il n'existe pas de preuve suffisante de l'intervention d'un tiers qui aurait pu attenter à (sa) vie", précise le procureur dans un communiqué.

Me Francis Szpiner, l'avocat de Souha Arafat, la veuve de l'ex-dirigeant palestinien, a également annoncé le non-lieu sur son compte Twitter. "Bien entendu, nous allons faire appel", a déclaré à Reuters Francis Szpiner, avocat de la veuve de Yasser Arafat, évoquant une décision "programmée depuis longtemps".

Yasser Arafat est décédé à l’âge de 75 ans le 11 novembre 2004 à l'hôpital militaire Percy de Clamart, près de Paris, après une brusque détérioration de son état de santé. Aucune autopsie n'a été pratiquée à l'époque, et les médecins français qui l'ont soigné se sont déclarés incapables de déterminer la cause du décès.

En 2013, la commission d'enquête palestinienne chargée de la question avait de son côté désigné Israël comme le "principal et unique suspect de l'assassinat" du dirigeant historique palestinien.

Polonium 210

Les magistrats français étaient saisis de cette enquête depuis août 2012, après une plainte contre X déposée par Souha Arafat à la suite de la découverte de polonium 210, substance radioactive hautement toxique, sur des effets personnels de son époux.

Les experts mandatés par la justice ont à deux reprises écarté la thèse de l'empoisonnement, estimant que la présence d'un gaz radioactif naturel, le radon, dans l'environnement extérieur, expliquerait les fortes quantités de polonium enregistrées dans sa sépulture et sur sa dépouille.

Dans leurs expertises complémentaires, les Français avaient ré-exploité des données brutes issues de l'analyse, en 2004, par le service de protection radiologique des armées, d'échantillons d'urine prélevés sur Yasser Arafat lors de son hospitalisation. Ils n'y ont pas trouvé de polonium 210, ce qui infirme "l'hypothèse d'une ingestion aiguë dans les jours précédant l'apparition des symptômes que présentait Yasser Arafat", avait dit le parquet en mars.

Des experts suisses sollicités par Souha Arafat avaient au contraire jugé, en 2014, que leurs résultats "soutiennent raisonnablement l'hypothèse de l'empoisonnement" au polonium.

Au moment de la clôture de l'enquête judiciaire, en mai, les avocats de la veuve avaient accusé la justice de vouloir clore le dossier dans la "précipitation et l'urgence". Ils avaient notamment déposé en juillet une requête en nullité portant sur l'expertise complémentaire française. La procédure est toujours en cours et, non suspensive, n'empêche pas le non-lieu, a expliqué le parquet à l'AFP.

Avec AFP et Reuters