L'invitation de Marion Maréchal-Le Pen à une université d'été catholique dans le Var, samedi, suscite des remous au sein des fidèles. L'évêque à l'origine de cette sollicitation assure que sa présence ne remet pas en cause les positions de l'Église.
La présence de Marion Maréchal-Le Pen à une université d'été catholique dans le Var n’est pas du goût de tous les catholiques. La jeune députée frontiste, réputée proche des milieux catholiques traditionalistes, doit participer samedi 29 août à une table ronde intitulée "politique et médias" organisée par l’Observatoire sociopolitique (OSP) de Fréjus-Toulon à Plan-d'Aups-Sainte-Baume (Var). Une première qui suscite des remous dans les rangs chrétiens, où certains soulignent l'incompatibilité de la doctrine de ce parti avec l'Évangile.
La rencontre a été initiée par l'évêque de ce diocèse, Mgr Dominique Rey, figure plutôt conservatrice de l'épiscopat français, très apprécié dans des courants de sensibilité charismatique voire traditionnelle. Le prélat assume le choix de son invitée dont le parti, "qu'on le veuille ou non" dit-il, "fait partie du paysage politique français, surtout dans le sud de la France".
L’occasion d’interpeller le FN
"J'admets qu'il s'agit d'une position novatrice par rapport à une forme d'oukase qui consistait à mettre à distance le parti lepéniste", a-t-il confié au "Figaro". "Il ne s'agit pas d'être complaisant, mais c'est l'occasion, au contraire, d'interpeller le FN sur son rapport à l'immigration, sa vision de l'homme et du vivre-ensemble dans une société pluraliste", assure l'évêque.
Manifestement désireux d'éteindre un début de polémique sur une affaire selon lui "montée en épingle", le porte-parole de l'épiscopat, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, a assuré que "la ligne des évêques de France par rapport à la doctrine du FN n'a pas changé" depuis les condamnations fermes de ses thèses dans les années 80.
Catho de gauche, vent debout
Le prélat a cité comme "premières", parmi les "valeurs de l'Evangile", "l'accueil de l'autre, le respect de l'étranger, la conception d'une société qui n'a pas peur". "Ces idées ne sont pas vraiment conformes à ce que prône aujourd'hui le Front national. Si le Front national pense qu'il a changé, il faut qu'il le montre", a-t-il estimé.
Les responsables du journal "catho de gauche", "Témoignage chrétien", parmi lesquels l'avocat Jean-Pierre Mignard, proche de François Hollande, sont eux vent debout contre l'initiative de Mgr Rey.
"Nous appelons les responsables catholiques et les catholiques responsables qui aujourd'hui sont une majorité stupéfaite et muette à rompre le silence, et à s'élever contre cette banalisation dangereuse d'un parti qui fait de la haine de l'étranger son fonds de commerce", ont-ils écrit dans un communiqué.
Avec AFP