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Crise ouverte chez EELV après les départs de Jean-Vincent Placé et François de Rugy

Europe Écologie-Les Verts (EELV) est en crise. Accusé de "dérive gauchiste et sectaire", le parti écologiste a enregistré, en moins de 24 heures, les défections de François de Rugy et de Jean-Vincent Placé, deux de ses principaux responsables.

Rien ne va plus chez les écologistes français qui se déchirent depuis 18 mois. En moins de 24 heures, Europe Écologie-Les Verts (EELV) a, en effet, enregistré la défection de deux ténors du parti, dont ils dénoncent la "dérive gauchiste", et ce à trois mois des régionales.

Après le député François de Rugy, le coprésident du groupe à l'Assemblée, c'est le très médiatique président du groupe écologiste au Sénat Jean-Vincent Placé qui a claqué la porte de la formation écologiste, vendredi 28 août.

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Ces deux départs aggravent une crise latente qui enfonce un peu plus une formation, déjà profondément divisée, sur sa participation au gouvernement depuis le
départ de Cécile Duflot et Pascal Canfin en mars 2014, et l'alliance avec le Front de gauche aux régionales, alors que débute parallèlement l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle.

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EELV, "c'est un astre mort, une structure morte qui donne aujourd'hui une vision caricaturale et politicienne de l'écologie", a dénoncé sur Europe 1 Jean-Vincent Placé, qui était opposé, à l’instar de François de Rugy, à la décision de Cécile Duflot de quitter le gouvernement lors de la nomination de Manuel Valls à Matignon en 2014.

"EELV se fourvoie dans une dérive gauchiste, comme François de Rugy l'a indiqué", a également affirmé le sénateur de l'Essonne, qui s'en prend lui aussi aux alliances passées avec le Front de gauche dans certaines régions avant les élections régionales (6 et 13 décembre). Il avait menacé la semaine dernière de s'affranchir du parti en raison de sa stratégie "irresponsable" d'alliance avec le Front de gauche dans cinq régions pour les régionales.

"Bien sûr que non", les écologistes ne doivent pas présenter une candidature à l'élection présidentielle de 2017, a-t-il tonné. Les idées écologistes "ne peuvent pas être portées par une candidature croupion qui ferait 1 ou 2 %", a-t-il dit.

"Repli sectaire"

La veille, c’est dans un entretien accordé au "Monde", publié jeudi, quelques jours après une université d'été agitée, que François de Rugy a lancé les hostilités. "Pour moi EELV, c'est fini. Le cycle ouvert par Daniel Cohn-Bendit en 2008 est arrivé à son terme. Aujourd'hui, on n'arrive plus à avoir les débats, ni de fond ni stratégiques, au sein d'un parti qui s'enfonce dans une dérive gauchiste", voire dans un "repli sectaire", ajoute le député de Loire-Atlantique.

Quant à l’avenir, les deux hommes entendent "animer l'écologie réformatrice qui assume la mondialisation, qui est pour l'Europe fédérale, qui aime la République, qui aime la laïcité, qui bien sûr s'inscrit dans l'économie de marché et veut bien sûr faire changer les choses", selon les propos de Jean-Vincent Placé.

Cette crise verte intervient au moment même ou s’ouvre le grand rassemblement annuel du PS à La Rochelle, ce vendredi. Et il sera justement question des difficiles alliances, aux régionales de décembre, avec les partenaires de gauche.

Un scrutin qui s'annonce périlleux pour le camp présidentiel qui a subi des défaites lors de toutes les élections depuis 2012 (municipales, européennes, sénatoriales, départementales) et ont beaucoup à perdre (ils contrôlent toutes les régions métropolitaines, sauf l'Alsace).

Jeudi, le secrétaire d'État Jean-Marie Le Guen est allé jusqu'à souhaiter à propos de François de Rugy "qu'il puisse bientôt nous rejoindre", louant "un homme de talent".

Entre les frondeurs du PS plus mobilisés que jamais et les défections fracassantes chez les écologistes, la rentrée est décidément très agitée pour la gauche française.

Avec AFP