
Après la décision de la Cour suprême israélienne du 11 août ordonnant la libération des demandeurs d'asile du centre de Holot, des centaines d'immigrés ont été relâchés cette semaine. Mais sans avoir nulle part où aller.
À la suite d'une décision de la Cour suprême, Israël a relâché mercredi 26 août, en plein désert, des centaines de clandestins africains auparavant détenus dans le centre de rétention de Holot, le plus important du pays. Un premier contingent d'immigrés avait déjà été libéré mardi. Mais cette liberté retrouvée a un goût amer. Si les immigrés sont libres de leur mouvement, ils n’ont en revanche nulle part où aller.
"Il n' y a rien à fêter ! On ne sait pas où aller, ni où on va dormir ce soir", a déclaré Salah, un Soudanais de 33 ans devant le centre Holot, situé dans le désert du Néguev, au sud d'Israël.
Comme des centaines d'autres, Salah, arrivé en Israël il y a neuf ans, a été libéré après une décision de la Cour suprême. Elle a ordonné le 11 août que les demandeurs d'asile détenus depuis plus d'un an soient relâchés sous deux semaines. La décision concerne au total 1 178 personnes, a indiqué la porte-parole de l'autorité pénitentiaire, Sivan Weitzman.
Interdiction de se rendre à Tel-Aviv ou Eilat
Mais une fois dehors, que faire ? Certains rejoignent des abribus, montent dans un car, peu importe sa direction."On nous a donné un papier avec marqué ‘interdit d'aller à Eilat ou Tel-Aviv’, et c'est là qu'on connaît des gens. Je n'ai pas d'argent pour louer un appartement. Où je vais maintenant ?" s'inquiète Salah.
Tel-Aviv et Eilat accueillent de fortes concentrations de clandestins africains. Leur présence suscite des tensions avec la population. Mais en interdisant ces villes aux détenus de Holot, les autorités les privent d'un point de chute où retrouver des proches, ou peut-être un travail au noir.
Fissel Sidig Adam, un Soudanais du Darfour âgé de 28 ans, arrivé en Israël il y a huit ans, est reconnaissant envers la Cour suprême. Mais il attendait "plus", "une vraie solution de l'État, de l'aide, pas les 64 shekels (16,5 dollars) et le sandwich qu'on nous a donnés".
Le maire d'Arad s'oppose à la venue de migrants africains dans sa ville
Le maire d'Arad, à des dizaines de kilomètres de Holot, a de son côté ordonné aux employés et policiers municipaux de se déployer aux entrées de sa ville pour bloquer l'arrivée éventuelle de clandestins libérés. "S'il le faut", il sonnera la mobilisation des habitants pour "défendre leur ville", prévient Nissan Ben Hamo sur Facebook. Arad est proche de la mer Morte et de ses hôtels, où les immigrants pourraient espérer du travail.
Pour ces immigrants, Israël représente, à défaut de pouvoir rallier l'Europe, le plus proche espoir d'une vie meilleure accessible à pied. Selon l'ONU, le pays abrite 53 000 réfugiés et demandeurs d'asile, la plupart entrés illégalement via le Sinaï égyptien. Parmi eux, 36 000 sont venus d'Erythrée et 14 000 du Soudan. Israël ne leur accorde le statut de réfugiés qu'au compte-gouttes, laissant l'immense majorité à la marge.
Avec AFP