
Le président américain Donald Trump, à la Maison Blanche à Washington DC le 18 août 2025, poursuit sa politique migratoire répressive. © Mandel Ngan, AFP
Les visas sont dans la ligne de mire de la politique migratoire répressive de l'administration Trump. Quelque "55 millions d'étrangers" qui détiennent un visa en cours de validité sont concernés par des contrôles renforcés, a fait savoir jeudi 21 août le département d'État américain.
"Les vérifications effectuées de manière continue par le département concernent l'ensemble des plus de 55 millions d'étrangers qui détiennent actuellement un visa américain en cours de validité", a déclaré un responsable du département d'État sous couvert de l'anonymat.
Il a précisé que le département d'État pouvait révoquer les visas "dès qu'il existe des indices d'une éventuelle inéligibilité" allant d'un dépassement de la durée de séjour autorisée, à des activités criminelles ou à des infractions à la loi, y compris pour conduite en état d'ivresse, ou encore à des menaces pour la sécurité publique, ainsi que pour toute "forme quelconque d'activité terroriste ou de soutien à une organisation terroriste".
"Dans le cadre de notre processus de vérification, nous examinons toutes les informations disponibles, y compris les dossiers des forces de l'ordre ou des services d'immigration, ainsi que toute autre information révélée après la délivrance du visa", a précisé le responsable dans un courrier électronique adressé à des journalistes.
La délivrance de visas aux chauffeurs routiers étrangers suspendue
Le gouvernement américain a annoncé, dans la foulée, suspendre la délivrance de visas aux chauffeurs routiers étrangers.
"Nous suspendons toute délivrance de visas de travail pour les chauffeurs routiers commerciaux avec effet immédiat", a déclaré le secrétaire d'État, Marco Rubio, sur le réseau X. "Le nombre croissant de conducteurs étrangers conduisant de gros camions semi-remorques sur les routes américaines met en danger la vie des Américains et nuit aux moyens de subsistance des camionneurs américains."
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Accepter Gérer mes choixIl n'a donné aucun chiffre permettant d'étayer cette accusation mais celle-ci est régulièrement relayée par les partisans du président américain Donald Trump au nom de sa politique de "l'Amérique d'abord".
L'administration Trump a dénoncé par le passé le fait que nombre de ces chauffeurs routiers étrangers ne s'expriment pas ou mal dans la langue anglaise.
L'annonce du département d'État jeudi intervient après un accident de la route le 12 août en Floride, pour lequel un chauffeur de semi-remorque en situation irrégulière est accusé d'avoir causé la mort de trois personnes. Le chauffeur, d'origine indienne, est accusé d'être entré de manière illégale aux États-Unis depuis le Mexique. Lors d'un entretien après l'accident, il aurait échoué à un examen de compétences en langue anglaise, selon les autorités fédérales.
L'administration Trump a fait grand bruit de cet accident, accusant les autorités d'États démocrates de laxisme en matière de délivrance de licences poids lourds. "La non-application des règles, et des politiques extrémistes d'immigration ont fait basculer le secteur du transport routier dans l'anarchie, avec pour conséquence l'acquisition par des conducteurs étrangers non-qualifiés de permis pour manoeuvrer des véhicules de 40 tonnes", a affirmé dans un communiqué mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.
Avant même cet accident, les républicains avaient les chauffeurs routiers étrangers en ligne de mire, dénonçant une hausse du nombre d'accidents sans pour autant fournir de preuves d'un lien avec les migrants. En juin, le ministre Sean Duffy avait émis une directive imposant aux chauffeurs routiers d'être capables de parler anglais.
Répondant à une demande accrue, le nombre de chauffeurs aux États-Unis nés à l'étranger a plus que doublé entre 2000 et 2021, pour atteindre 720 000 selon les chiffres officiels fédéraux. Plus de la moitié proviennent d'Amérique latine, avec un nombre croissant également venant de l'Inde ou d'Europe de l'Est, en particulier de l'Ukraine, selon des associations professionnelles du secteur.
Les visas des étudiants étrangers dans le viseur
Lundi, le département d'État avait annoncé avoir révoqué les visas de plus de 6 000 étudiants étrangers, dont 4 000 environ pour infraction à la loi. Les États-Unis ont révoqué "plus de deux fois plus de visas, dont près de quatre fois plus de visas étudiants, qu'au cours de la même période l'année dernière" sous l'administration du président démocrate Joe Biden, a-t-il relevé.
Dès son retour à la Maison Blanche en janvier, le président Donald Trump a érigé la lutte contre l'immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une "invasion" des États-Unis par des "criminels venus de l'étranger" et communiquant abondamment sur les expulsions d'immigrés.
Son programme d'expulsions massives a certes été contrecarré ou freiné par de multiples décisions de justice, ce dont il s'est indigné à plusieurs reprises.
Mais son gouvernement fait aussi la chasse à tout ce qui paraîtrait comme "antiaméricain" ou allant à l'encontre des intérêts de politique étrangère des États-Unis.
Le gouvernement américain a ainsi précisé mardi qu'il rechercherait les opinions "antiaméricaines", y compris sur les réseaux sociaux, lorsqu'il statuerait sur le droit de résider aux États-Unis.
Le responsable n'a pas dit que les 55 millions de visas accordés par les États-Unis faisaient tous l'objet d'un examen approfondi, mais il a clairement souligné qu'ils étaient concernés.
L'administration Trump s'est aussi engagée dans une série de batailles contre les universités, annulant des milliers de visas et s'en prenant à des établissements de renom suspectés de se laisser propager sur leurs campus des idées antisémites, notamment dans le cadre des manifestations contre la guerre dans la bande de Gaza.
Les avantages liés à l'immigration, notamment le droit de vivre et travailler aux États-Unis, "restent un privilège et non un droit", répète volontiers le secrétaire d'État américain, Marco Rubio.
Avec AFP