L'agence en charge de la gestion des réfugiés en Allemagne a annoncé mardi que les migrants syriens ne seraient plus renvoyés dans le pays par lequel ils sont entrés dans l'UE. Un geste envers ses partenaires européens débordés, salué par Bruxelles.
C'est normalement la règle pour les migrants en Europe : s'ils sont contrôlés dans un autre pays que celui par lequel ils sont entrés dans l'UE, ils seront renvoyés dans ce dernier. Mais face l'afflux de réfugiés syriens, l'Allemagne a décidé de ne plus appliquer cette règle. L'Office fédéral de l'immigration et des réfugiés (BAMF) a ainsi annoncé mardi 25 août dans un tweet qu'il suspendait pour les Syriens l'application du règlement dit "de Dublin".
Quelques heures avant l'annonce du BAMF, la chancelière allemande avait fustigé l'accueil déplorable réservé aux migrants. "L'Europe est dans une situation qui n'est pas digne de l'Europe, il faut tout simplement le dire", a-t-elle déclaré lors d'un "dialogue avec des citoyens" à Duisbourg.
"Acte de solidarité européenne"
L'initiative a aussitôt été louée par Bruxelles. "Nous saluons cet acte de solidarité européenne. Pour la Commission, cela constitue une reconnaissance du fait que l'on ne peut laisser les pays aux frontières extérieures de l'UE gérer seuls le grand nombre de demandeurs d'asile cherchant refuge en Europe", a commenté la porte-parole de la Commission européenne, Natasha Bertaud.
Depuis 2003, le règlement dit "Dublin II" fixe les règles de compétence au sein de l'Union européenne pour l'examen des demandes d'asile, laissant au premier pays d'accueil le soin de traiter une demande. Mais il existe une "clause de souveraineté" permettant à n'importe quel autre État d'examiner une demande d'asile, a précisé Natasha Bertaud à Bruxelles. "L'Allemagne a utilisé cette clause à plus de 2 000 reprises cette année", a-t-elle ajouté.
Berlin plaide pour une réforme de l'asile en Europe
Cette annonce intervient au lendemain d'une rencontre entre Angela Merkel et le président français François Hollande, qui ont plaidé ensemble pour une réponse "unifiée" dans l'UE. La question de l'accueil des migrants est au cœur des préoccupations en Allemagne, alors que le pays s'attend à enregistrer cette année 800 000 demandes d'asile, soit quatre fois plus qu'en 2014.
Dimanche déjà, le vice-chancelier Sigmar Gabriel et le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier avaient signé une tribune dans la presse pour demander une refonte de la politique d'asile européenne afin que le poids de l'accueil des réfugiés soit mieux réparti entre les pays.
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Entre janvier et juin 2015, quelque 102 000 migrants sont entrés dans l'UE par la Macédoine, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, l'Albanie, le Monténégro et le Kosovo, selon l'agence Frontex chargée des frontières extérieures de l'espace Schengen. Au total, sur les sept premiers mois de l'année, le nombre de migrants aux frontières de l'UE a atteint 340 000, contre 123 500 sur la même période de 2014.
Les pays les plus exposés peinent à faire face à cet afflux. La Hongrie doit achever à la fin du mois une clôture métallique à la frontière avec la Serbie, la Macédoine a fermé sa frontière et décrété l'état d'urgence, la Bulgarie, bien que relativement épargnée, a annoncé avoir envoyé des militaires renforcer ses postes-frontières avec la Macédoine et l'Autriche a décidé mardi de déployer quelque 500 soldats pour installer des solutions d'hébergements et distribuer de l'aide alimentaire.
Avec AFP