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Les proches de Nkurunziza gardent la main sur le gouvernement burundais

Le nouveau gouvernement burundais a pris ses fonctions mardi, après l'investiture la semaine dernière du président Nkurunziza. Le cabinet réunit des proches et des opposants du chef de l'État, mais la ligne dure du parti au pouvoir prévaut.

Pour entamer son troisième mandat à la tête du Burundi, le président Pierre Nkurunziza a nommé un nouveau gouvernement éclectique, qui a pris ses fonctions mardi 25 août. La nouvelle équipe gouvernementale regroupe des proches du président, partisans de la ligne dure du parti au pouvoir, mais aussi des opposants, parmi lesquels se trouvent cinq personnalités issues des rangs du parti d'Agathon Rwasa, principal opposant de Pierre Nkurunziza. Ils n'héritent cependant que de cinq ministères secondaires (Bonne gouvernance, Fonction publique et Emploi, Développement communal, Transports et Travaux publics, Jeunesse et Sports).

La composition de cette équipe largement renouvelée est surtout marquée par le retour au ministère de la Sécurité publique d'Alain-Guillaume Bunyoni. Cet acteur clé du système sécuritaire du régime est considéré comme un des "durs" du premier cercle restreint autour de Pierre Nkurunziza/ Le président, en annonçant fin avril son intention de briguer un nouveau mandat, avait plongé le pays dans une grave crise politique.

L'aile dure de parti bien représentée

Ancien chef militaire au sein de la rébellion hutue, désormais au pouvoir, le commissaire Bunyoni fut de 2005 à 2007 le premier directeur de la nouvelle police burundaise post-guerre civile. Déjà ministre de la Sécurité publique entre 2007 et 2011, il était ensuite devenu chef de cabinet civil du président jusqu'à son limogeage surprise en novembre 2014. Malgré cette éviction, M. Bunyoni, un temps perçu comme le possible dauphin de Pierre Nkurunziza, restait considéré comme l'un des hommes les plus influents du régime autour du président.

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À la Sécurité publique, il remplace Gilbert Nizigama, également commissaire de police, qui devient directeur de cabinet civil adjoint du président, au côté d'un militaire, le général Évariste Ndayishimiye, ex-ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique (2006-2007), puis ancien directeur de cabinet militaire, nommé directeur de cabinet civil.

"Ce gouvernement n'est pas rassurant", a commenté un diplomate occidental à Bujumbura. "Remettre Bunyoni à la Sécurité publique et deux autres généraux comme chef et chef adjoint du cabinet civil présidentiel, cela signifie que c'est la ligne dure et le passage en force qui ont prévalu." "On avait compris que ce gouvernement était nommé pour préparer le terrain à un gouvernement d'union nationale", promis par M. Nkurunziza lors de sa prestation de serment le 20 août, a souligné le diplomate, "mais c'est clairement l'aile dure du parti au pouvoir qui a pris le dessus".

Vers un dialogue difficile malgré l'ouverture

"C'est un gouvernement à nos yeux qui ne va pas faciliter l'apaisement et le dialogue" malgré "la présence de ministres issus" des rangs d'Agathon Rwasa, a-t-il ajouté.

Le mouvement d'Agathon Rwasa avait initialement annoncé le boycott des élections, comme le reste de l'opposition, mais il figurait bien sur les bulletins de vote pour les législatives, en juin dernier. Après la réélection de Pierre Nkurunziza, en juillet, l'ancien chef rebelle a été récompensé par le poste de vice-président du Parlement.

Avec AFP et Reuters