Les pourparlers pour tenter de mettre fin à près de deux ans de guerre civile au Soudan du Sud n'ont pas encore abouti. Le gouvernement a demandé lundi un délai de 15 jours avant de signer un accord de paix.
Les autorités du Soudan du Sud et les rebelles qui s’affrontent depuis décembre 2013 ne sont pas tout à fait parvenus à un accord de paix, lundi 17 août à Addis Abeba. Pagan Amum, secrétaire-général du SPLM, parti au pouvoir au Soudan du Sud, et l'ancien vice-président Riek Machar, chef des rebelles qui affrontent l'armée sud-soudanaise, ont bien signé un document qualifié par la médiation d'"accord de paix", mais le gouvernement n’a pas paraphé ce texte.
Comme l’explique le chef de la médiation, Seyoum Mesfin, les autorités ont effet "certaines réserves et ont décidé de repartir dans leur pays et mener des consultations".
"Le président (sud-soudanais Salva Kiir) reviendra d'ici 15 jours à Addis Abeba pour parachever l'accord de paix", a-t-il ajouté, sans autre détail, en présence de la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, du Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn et du président du Kenya Uhuru Kenyatta.
Le responsable de la médiation a toutefois tenu à souligner qu’il s’agissait d’"un grand jour dans la progression du processus de paix au Soudan du Sud". "Le gouvernement travaille désormais à la paix" et "a été partie prenante à cet accord de paix", a-t-il insisté.
La communauté internationale avait pourtant donné jusqu'à lundi aux parties pour parvenir à un accord de paix, menaçant plus ou moins directement MM. Kiir et Machar de sanctions ciblées.
Pour Philippe Hugon, directeur de recherche à l'Iris (Institut des relations internationales et stratégiques), en charge de l'Afrique, ce nouveau délai est de mauvais augure. "On est dans un conflit extrêmement meurtrier dont on parle peu. Les populations en situation de sous-alimentation sont de l’ordre de 70 % au Soudan du Sud, le nombre de morts est de 300 000, les déplacés représentent 1,5 million de personnes. On est vraiment dans un drame humanitaire. S’il n’y a pas d’accord de paix, il faut s’attendre à une guerre meurtrière", souligne ce spécialiste sur l’antenne de France 24.
Selon lui, les points de tension entre les différents belligérants de ce conflit sont nombreux. Il s’agit d’un conflit ethnique mais aussi politique. "Les désaccords portent notamment sur le fait qu’il y a un poste de vice-président qui serait affecté à Riek Machar. On sait qu’il a été déjà vice-président mais qu’il avait été limogé. Il y a des désaccords qui portent aussi sur la manière dont les rebelles vont déposer les armes", explique-t-il. Et d'ajouter : "Il y a également différents groupes rebelles qui s’opposent entre eux. Même s’il y a une signature de l’ancien vice-président Machar, il n’est donc pas sûr que cet accord de paix soit réalisé." Autre sujet de discorde, pour Philippe Hugon, "la question de savoir qui va contrôler le pétrole car le Soudan du Sud en est très riche".
Après la signature de sept cessez-le-feu, aussi vite violés qu'ils avaient été signés, ces dernières discussions sous supervision des médiateurs régionaux de l'organisation intergouvernementale est-africaine (Igad) apparaissaient comme la plus sérieuse opportunité pour les belligérants de mettre fin au conflit qui ensanglante le plus jeune pays du monde, dont l'indépendance avait été célébrée dans l'enthousiasme en juillet 2011.
Ce dernier round de négociations s'était ouvert le 6 août sous la médiation de l'Igad, de l'ONU, de l'Union africaine, de la Chine et de la "troïka" composée de la Grande-Bretagne, de la Norvège et des États-Unis.
Avec AFP