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Le colonel Jean Bikomagu, figure des ex-Forces armées burundaises pendant la guerre civile, entre 1993 et 2006, a été assassiné samedi à Bujumbura. Un meurtre qui intervient une dizaine de jours après celui du général Nshimirimana.

Un ex-colonel de l'armée burundaise, chef d'état-major pendant la guerre civile (1993-2006) au Burundi, a été assassiné, samedi 15 août, à Bujumbura. Jean Bikomagu a été tué à la mi-journée par des inconnus alors qu'il rentrait à son domicile, dans le quartier de Kabondo (sud), a indiqué à l'AFP un membre de sa famille.

Les assaillants ont ouvert le feu sur sa voiture, devant le portail de la maison, avant de prendre la fuite. Sa fille a été grièvement blessée, a-t-on précisé de même source.

Le colonel Bikomagu était une figure des ex-Forces armées burundaises (FAB) pendant la guerre civile entre l'armée, dominée par la minorité tutsie, et des rébellions hutues.

Sa mort intervient une douzaine de jours après l'assassinat d'un cacique du régime et homme fort de l'appareil sécuritaire, le général Adolphe Nshimirimana. Ce proche du président Pierre Nkurunziza, l'une des personnalités clés de l'ancienne rébellion hutue CNDD-FDD aujourd'hui au pouvoir, avait été tué dans une attaque à la roquette dans un quartier nord de la capitale, faisant craindre de sanglantes représailles du camp présidentiel.

Le lendemain, un célèbre défenseur burundais des droits de l'Homme, Pierre-Claver Mbonimpa, qui avait plusieurs fois accusé publiquement le général Nshimirimana d'avoir exécuté des opposants, avait été blessé dans une tentative d'assassinat. Il a depuis quitté le pays pour la Belgique.

La volonté du président Pierre Nkurunziza - élu en 2005, par suffrage direct, et réélu en 2010, lors d'un suffrage indirect - de conquérir un troisième mandat, malgré les critiques de l'opposition, de la société civile, de l'Église catholique et de la communauté internationale, a plongé son petit pays d'Afrique des Grands lacs dans une grave crise politique, émaillée de violences meurtrières.

Le Burundi "est au bord du gouffre" après les violences qui ont suivi la réélection de Pierre Nkurunziza, a estimé l'ONU, quelques heures avant l'assassinat du colonel Jean Bikomagu. Ravina Shamdasani, porte-parole  du Haut-Commisariat aux droits de l'Homme de l'ONU, avait alors appelé tous les camps à "reprendre le dialogue avant que la situation ne soit complètement hors de contrôle".

Avec AFP