logo

À La Havane, John Kerry scelle la réconciliation avec Cuba

Huit mois après l'annonce du rétablissement des relations diplomatiques entre Washington et La Havane, le secrétaire d'État John Kerry a officiellement rouvert, vendredi, l'ambassade américaine à Cuba, fermée depuis 1961.

Le drapeau étoilé flotte à nouveau devant l'ambassade des États-Unis à Cuba, après la visite historique de John Kerry, vendredi 14 août. Le secrétaire d'État américain a consacré la réconciliation entre les deux pays lors d'un discours prononcé à l'ambassade américaine et durant lequel il ne s'est pas privé d'affirmer que les Cubains "seraient mieux servis par une véritable démocratie".

Presque huit mois jour pour jour après l'annonce simultanée, le 17 décembre, par Barack Obama et Raul Castro, d'une reprise des relations diplomatiques, John Kerry a donc accompli l'une des étapes les plus symboliques de ce processus en rouvrant officiellement l'ambassade de son pays sur l'île communiste.

Pour marquer un peu plus l'Histoire, les trois Marines - Jim Tracy, F.W. Mike East et Larry C. Morris - qui avaient abaissé en 1961 le drapeau flottant au fronton de la chancellerie, étaient de retour sur l'île pour apporter le nouveau drapeau et sceller la nouvelle entente des ex-ennemis de la Guerre froide.

>> À lire sur France 24 : "Quand la Suisse représentait les États-Unis à Cuba"

Dans une vidéo diffusée jeudi par le département d'État, les trois hommes se sont rappelés avec émotion le triste moment où ils avaient enlevé puis plié la bannière étoilée, il y a un demi-siècle. "Ils attendent depuis 1961 de retourner à La Havane", a témoigné dans cette vidéo le chargé d'affaires des États-Unis à Cuba, Jeffrey DeLaurentis.

La cérémonie de vendredi, devant des membres des deux gouvernements et des élus du Congrès américain, s'inscrit dans "un processus de normalisation", a commenté un porte-parole du département d'État, Mark Toner.

Rencontre avec des dissidents

Dans le fond, les relations diplomatiques sont déjà rétablies - et les ambassades des deux côtés rouvertes - depuis le 20 juillet, mais cette journée exceptionnelle "marque évidemment une nouvelle étape de ce processus, après 54 ans de hiatus" correspondant à la période de brouille, a expliqué Mark Toner.

Si la visite de John Kerry, premier chef de la diplomatie américaine à fouler le sol cubain depuis 1945, ne doit durer qu'une dizaine d'heures, elle vise à aborder aussi les sujets qui fâchent, comme la protection des droits de l'Homme et le sort des dissidents politiques.

>> À voir sur France 24 : "Cuba-États-Unis : ce qui va changer"

"Je vais rencontrer des dissidents [...] J'aurai la chance de m'asseoir avec eux" au cours d'une réception, privée, à la résidence de l'ambassadeur américain à La Havane, a assuré John Kerry sur la télévision américaine en espagnol Telemundo News.

Le secrétaire d’État américain a reconnu que les dissidents n'étaient "pas invités [...] à l'ambassade parce que c'est un événement entre gouvernements, où, par ailleurs, l'espace est très limité". Ces entrevues devraient donc se dérouler à la résidence, à l'abri de la presse.

En attendant la levée de l’embargo

Mais si les relations entre les deux pays se sont apaisées, une intervention jeudi du père de la révolution cubaine Fidel Castro a rappelé les points de friction qui demeurent.

Dans un texte publié par la presse locale, l'ex-président, retiré du pouvoir depuis 2006 pour raisons de santé, a insisté sur les "nombreux millions de dollars" que les États-Unis doivent, selon lui, à Cuba en compensation de l'embargo économique imposé à l'île depuis 1962.

L'administration Obama souhaite la levée de cet embargo, exigée par Cuba, mais celle-ci dépend du Congrès, aux mains des républicains, dont beaucoup sont vent debout contre la mesure, la voyant comme une récompense aux frères Castro.

Enfin, La Havane, qui a déjà obtenu son retrait d'une liste noire américaine d'"États soutenant le terrorisme", attend encore une dernière chose pour sceller cette nouvelle entente : la restitution de la base navale américaine de Guantanamo.

Avec AFP