
Le nouveau chef contesté des Taliban, le mollah Mansour, a reçu jeudi le soutien du leader d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, dans un message audio diffusé sur Internet.
C’est un soutien de poids pour le mollah Mansour. Le dirigeant d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a fait allégeance, jeudi 13 août, au nom de son organisation, au nouveau chef des Taliban afghans dans un message enregistré et diffusé sur Internet.
"Nous faisons serment d'allégeance [...] à notre seigneur, commandeur des croyants, le mollah Mohammad Akhtar Mansour, que Dieu le protège", a déclaré après des mois de silence Ayman al-Zawahiri, qui passe pour être réfugié dans la zone frontalière afghano-pakistanaise, bastion des Taliban.
L'authenticité de l'enregistrement n'a pas pu être établie dans l'immédiat mais il porte toutes les marques des messages vidéos d'Al-Qaïda.
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Mohammad Akhtar Mansour a été désigné chef des Taliban fin juillet après l'annonce officielle du décès du mollah Omar, qui a longtemps dirigé le mouvement islamiste afghan. Mais des signes de divisions au sein même du mouvement sont apparus ces dernières semaines, certaines figures des Taliban s'irritant de la rapidité de sa nomination tandis que la famille du mollah Omar annonçait qu'elle ne reconnaissaient pas le nouveau chef officiel.
Le porte-parole des Taliban, Zabihullah Mujahid, a confirmé avoir reçu le message d'allégeance du chef d'Al-Qaïda mais a indiqué à l'AFP que les insurgés islamistes "ne veulent pas faire de commentaire à ce stade".
"L'annonce de Zawahiri est logique et conforme à la tradition islamique en matière de gouvernance et de succession", a commenté l'analyste pakistanais Imtiaz Gul, spécialiste d'Al-Qaïda et des Taliban. "C'est en ligne avec leur idéologie politique [...] qui rejette l'idée d'une succession héréditaire", a-t-il ajouté.
Rejet implicite de l'organisation de l’État islamique
La position de Mohammad Akhtar Mansour pourrait donc être confortée par le soutien d'Al-Qaïda, dont les liens avec les Taliban remontent à plus de 10 ans, lorsque l'organisation était dirigée par Oussama Ben Laden.
"En tant que chef de l'organisation Al-Qaïda pour le jihad, j'offre notre serment d'allégeance, suivant le chemin tracé par cheikh Oussama et les martyrs dévoués dans leur allégeance au commandeur des croyants, le saint guerrier mollah Omar", a déclaré Ayman al-Zawahiri.
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Son soutien réaffirmé aux Taliban constitue également un rejet implicite de l'organisation de l’État islamique (EI), puissante en Irak et en Syrie mais qui, en Afghanistan, n'a pour l'instant reçu que le soutien de quelques chefs insurgés.
Les Taliban ont notamment qualifié de "brutale" et "horrible" une vidéo montrant des combattants présumés de l'EI en Afghanistan faire exploser leurs prisonniers, une dénonciation qui témoigne de la rivalité croissante entre ces deux groupes extrémistes.
Cette rivalité est alimentée par un différend de fond qui concerne le refus des Taliban et d'Al-Qaïda de la proclamation d'un califat.
Avec AFP et Reuters