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Julian Assange voit tomber pour prescription une partie des accusations d'agression sexuelle en Suède. Réfugié à l'ambassade d'Équateur à Londres, le fondateur de WikiLeaks est toujours visé par une plainte pour viol.

Une partie des accusations contre Julian Assange est désormais prescrite, mais le fondateur de Wikileaks est loin d'être tiré d’affaire. S'il ne fait plus l'objet d'une enquête, à compter du 13 août, pour une agression sexuelle présumée que lui reproche une plaignante suédoise, il reste toujours visé par une plainte pour viol.

Cinq ans ont passé depuis le dépôt de plainte. Les faits sont désormais prescrits, la justice suédoise n'ayant pas mis en examen M. Assange.

Cette prescription ne devrait rien changer pour l'Australien de 44 ans, toujours réfugié à l'ambassade d'Équateur à Londres pour échapper à un mandat d'arrêt européen émis par la Suède.

D'autres faits d'agression sexuelle seront prescrits le 18 août, sauf si, sur un coup de théâtre, le parquet décide d'inculper Julian Assange. Mais la prescription de faits de viol dénoncés par une autre plaignante suédoise n'interviendra qu'en août 2020, ce qui laisse encore cinq ans à la police britannique pour interpeller le mis en cause.

Londres émet une protestation formelle 

Depuis ses débuts, cette affaire ultra-médiatisée s'est enlisée dans une série de complications juridiques et diplomatiques qui n'ont laissé aucune chance de connaître la vérité. Julian Assange clame son innocence, affirmant que les relations sexuelles étaient consenties. Mais il s'est toujours dérobé aux convocations de la procureure chargée du dossier, Marianne Ny.

En juin 2012, ayant épuisé tous ses recours au Royaume-Uni où il avait élu domicile, il entrait dans l'ambassade d'Équateur sans se douter qu'il y resterait coincé pendant des années. Le petit pays sud-américain lui accordait l'asile politique deux mois plus tard et a depuis cherché en vain à obtenir un sauf-conduit pour l'emmener à Quito.

Alors que l'accusation s'obstinait à demander au fondateur de WikiLeaks de venir en Suède, lui contre-attaquait en proposant aux magistrats une audition par vidéo-conférence, ou même à Londres. La procureure finissait par accepter cette solution en mars 2015. Cette audition attend toujours, à cause de problèmes administratifs.

Jeudi, le gouvernement britannique a dénoncé la persistance des autorités équatoriennes "à entraver l'audition" d'Assange. Par le biais d'une protestation formelle, Londres a appelé Quito de "mettre fin à cette situation considérée comme une tache grandissante sur la réputation du pays".

De son côté, l'Équateur a déploré la passivité du Royaume-Uni et de la Suède vis-à-vis de la situation judiciaire de Julian Assange, en regrettant "l'inaction continue des autorités britanniques et suédoises pendant les près de 1 000 jours d'asile (accordé à Assange) à l'ambassade (à Londres), au cours desquels elles ont été sourdes à toutes les propositions et appels au dialogue du ministère équatorien des Affaires étrangères", écrit ce ministère dans un communiqué.

La plaignante "partagée"

Sans l'audition d'Assange, le dossier semble trop maigre pour lancer des poursuites, ce qui laisse une plaignante sur le carreau. "Il n'est pas jugé pour ces faits mais cela ne veut pas dire qu'il est innocent", a déclaré à l'AFP Claes Borgström, l'avocat de cette jeune femme. "Ma cliente a des sentiments partagés. Elle aurait voulu qu'il réponde devant la justice, mais elle est soulagée de ne pas devoir vivre un procès car les faits remontent à cinq ans et elle veut tourner la page", a-t-il ajouté.

La suite de la procédure d'ici à 2020 est très incertaine. Après un dialogue de sourds sur les conditions juridiques de l'éventuelle audition dans les locaux étroits de l'ambassade équatorienne, Stockholm et Quito sont tombés d'accord sur la rédaction d'une convention de coopération judiciaire entre les deux pays. Mais la négociation des termes de ce texte devrait prendre du temps.

Julian Assange, figure adulée dans les milieux libertaires, mais dont la réputation a été ternie par cette affaire et qui vit cloîtré, craint s'il va en Suède d'être ensuite extradé vers les États-Unis. Il pourrait se voir reprocher la publication par Wikileaks en 2010 de 500 000 documents classés secret défense sur l'Irak et l'Afghanistan et de 250 000 communications diplomatiques.

Avec AFP