La mort d'Omar Diaby, alias Omar Omsen, recruteur de jihadistes français, a été annoncée sur les réseaux sociaux. Cette information, qui est en cours de vérification par le gouvernement, est un processus long et difficile, voire impossible.
Omar Diaby, alias Omar Omsen, considéré comme un grand recruteur de jeunes jihadistes français, est-il mort ? Selon des tweets de spécialistes des questions islamistes et des proches vivant en Syrie, cités samedi 8 août par différents médias, ce Niçois serait mort en Syrie des suites de ses blessures lors d'un repérage avant une attaque contre le régime syrien.
Les proches d'Omar Omsen contactés en #Syrie annoncent qu'il n'a pas survécu à ses blessures et qu'il est mort hier à 00h45 après un coma.
— David Thomson (@_DavidThomson) 8 Août 2015De telles annonces sont fréquentes et difficiles à vérifier. Ainsi, la mort du français David Drugeon, jeune converti ayant rejoint les rangs d'Al-Qaïda en Afghanistan puis en Syrie, avait été jugée probable en novembre 2014, lors d'un raid de drone américain, avant d'être infirmée.
Les autorités françaises tentent donc de tirer au clair l'information sur la mort de Diaby. "Des vérifications sont en cours, qui ne sont pas faites uniquement par mes services", a indiqué, lundi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, en précisant que cet homme est considéré comme un "recruteur très important" de jeunes jihadistes français.
Omar Diaby, né en 1976 à Dakar, au Sénégal, puis arrivé en France à l’âge de sept ans, a grandi dans un quartier réputé sensible de Nice. En 1995, il plonge pour la première fois, condamné pour tentative de meurtre. Il retournera en prison à plusieurs reprises. Puis, lors d'un séjour derrière les barreaux, suite à plusieurs braquages, entre 2002 et 2003, il est confronté à l’islam radical, qu’il embrasse en même temps que le nom de "frère Omsen".
Entre 2005 et 2012, il alterne prêches dans les quartiers, incitation au jihad et combines pour lesquelles il est recherché. Fin 2011, c’est lors de son arrestation pour vol et recel en bande organisée que l’antiterrorisme réalise qu’il s’apprêtait à rejoindre la Tunisie, d’où il comptait passer en Libye puis en Afghanistan. En 2012, il se réfugie au Sénégal. C’est de là qu’il rejoint enfin la Syrie où il retrouve, selon les experts, une centaine de jeunes qu'il a embrigadés.
Impossible d’infiltrer des agents
Les vérifications menées par les autorités françaises pour confirmer ces informations sont complexes, dans une zone sur laquelle les services de renseignement occidentaux n’ont quasiment pas prise. "Infiltrer des agents qui pourraient nous contacter pour nous dire 'il est vivant, je l'ai vu' : c'est impossible, trop dangereux", explique à l’AFP un ancien chef d'un service de renseignement qui requiert l'anonymat.
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Or, pour confirmer la mort de Diaby, "il faudrait pouvoir collecter de l'ADN ou recouper des témoignages fiables. Mais dans ce genre de cas on ne les a pas. Et on ne les aura pas", explique à l’AFP Alain Chouet, ancien haut responsable à la DGSE. Pour lui, qui estime que "l'EI commence à perdre pied sur le plan militaire", les jihadistes pourraient chercher à disparaître en faisant annoncer leur mort par des "copains".
Impossible de savoir si ce cas de figure s’applique à Omar Diaby ou si ses "proches" cités notamment par David Thompson, journaliste de RFI spécialiste des réseaux jihadistes, sont sincères en affirmant que "frère Omsen" est bien mort.
Avec AFP