
Donald Trump à la Maison Blanche le 16 juillet 2025. © Nathan Howard, Reuters
Le président américain Donald Trump a annoncé mardi 22 juillet la conclusion d'un accord commercial "énorme" avec le Japon, frappant d'une surtaxe douanière de 15 % les produits de l'archipel exportés aux États-Unis et prévoyant selon Tokyo un allègement significatif pour les automobiles nippones.
"Nous venons juste de conclure un énorme accord commercial avec le Japon", a indiqué mardi Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, le qualifiant de "sans précédent". "Le Japon paiera des droits de douane réciproques de 15 % aux États-Unis", a-t-il indiqué, précisant que cet accord avec Tokyo allait entraîner la création de "centaines de milliers d'emplois". Il a aussi mentionné des investissements japonais à hauteur de "550 milliards de dollars" sur le sol américain, sans détail si ce n'est que "90 % des bénéfices seraient perçus par les États-Unis".
Le Japon, bien qu'allié-clé des États-Unis, est actuellement soumis aux mêmes droits de douane américains de base de 10 % que la plupart des nations, ainsi qu'à des surtaxes de 25 % sur les voitures et de 50 % l'acier et l'aluminium. Et le pays était menacé au 1er août d'un relèvement à 25% des surtaxes généralisées "réciproques". Ces dernières seraient donc ramenées à 15 %.
"Mission accomplie"
"Nous pensons que c'est une grande réussite d'avoir pu obtenir la plus grande réduction (des surtaxes américaines) parmi les pays ayant un excédent commercial avec les États-Unis", s'est félicité mercredi le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba.
L'annonce intervient alors que le négociateur Ryosei Akazawa effectuait son huitième voyage à Washington. "Mission accomplie", s'est-il réjoui sur X. "Nous avons travaillé dur pour garantir ce partenariat mutuellement bénéfique", a abondé le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent.
Selon Donald Trump, Tokyo a accepté d'ouvrir le Japon "au commerce des voitures et des pick-ups, du riz et d'un certain nombre d'autres produits agricoles, et à d'autres choses". Gonfler les importations de riz était ces derniers mois un tabou pour Tokyo, qui assurait défendre les intérêts des agriculteurs locaux.
"Nous avons poursuivi les négociations dans le but de parvenir à un accord répondant à l'intérêt national du Japon et des États-Unis" et "rien n'impose des sacrifices à nos agriculteurs", a simplement commenté Shigeru Ishiba, assurant que Tokyo n'abaisserait pas ses propres barrières douanières dans l'agriculture.
Exportations de voitures japonaises en berne
Sur l'automobile, l'enjeu était de taille : l'économie nippone est dépendante du commerce extérieur, et l'automobile représentait l'an dernier presque 30 % des exportations du Japon vers les États-Unis. Dans l'archipel, l'industrie automobile représente 8 % des emplois, bien au-delà de Toyota, premier constructeur mondial. Or, suite aux surtaxes américaines de 25 % imposées depuis avril sur l'automobile, les exportations de voitures japonaises vers les États-Unis ont dégringolé d'un quart sur un an en mai et juin.
Selon Shigeru Ishiba, l'accord conclu prévoit que ces surtaxes soient divisées par deux, et s'ajoutent aux droits de douane préexistants de 2,5 % pour parvenir à une taxation finale de 15 %.
Ces informations ont fait s'envoler à la Bourse de Tokyo les titres des constructeurs automobiles: vers 2 h 30 GMT, Toyota bondissait de 13,65 %, Nissan de 8,97 % et Honda de 10,23 %, dans un marché tokyoïte gagnant plus de 3 %.
L'accord intervient peu après des élections sénatoriales qui ont vu la coalition gouvernementale de Shigeru Ishiba perdre sa majorité à la chambre haute. Ce dernier avait assuré vouloir rester en poste pour conclure les négociations commerciales en cours avec les États-Unis.
Quatre accords pour l'instant
Washington entend imposer à partir du 1er août de massives surtaxes douanières dites "réciproques", initialement prévues au 1er avril puis suspendues, à nombre de ses partenaires commerciaux, à moins que ces derniers ne concluent d'ici là des accords commerciaux avec les États-Unis.
L'administration Trump a indiqué avoir à cette date conclu quatre accords : outre le Japon, le président américain a aussi annoncé mardi en avoir obtenu un avec les Philippines. Les États-Unis se sont par ailleurs déjà entendus avec le Royaume-Uni et le Vietnam.
Lors d'une réception avec des élus républicains, Donald Trump a fait savoir mardi que "l'Europe (venait) demain et, le jour suivant, nous en avons d'autres qui viennent". Plus tôt dans la journée, il avait détaillé les conditions de l'accord-cadre conclu avec Jakarta, ouvrant la voie à un accord final encore à construire.
Les États-Unis ont aussi conclu un accord de désescalade avec la Chine, après une montée des tensions commerciales entre les deux premières puissances économiques mondiales dans la foulée de l'annonce des droits de douane "réciproques".
Avec AFP