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Les palaces parisiens s'inquiètent de la concurrence d'Airbnb

La plateforme de location entre particuliers Airbnb ne fait pas seulement peur aux hôtels traditionnels. À Paris, les palaces dénoncent eux aussi son impact sur le marché avec ses offres d'appartements de luxe.

Alors que la conjoncture économique est déjà difficile, les palaces de la capitale française s’alarment de la menace engendrée par le succès de la plate-forme de location entre particuliers Airbnb. Cette dernière propose aussi des appartements de luxe.

En région parisienne, sur quelque 50 000 offres, près de 400 concernent des appartements à plus de 500 euros la nuit, dont une quarantaine à plus de 1 000 euros. Certaines de ces locations très haut de gamme offrent même des services comme des chauffeurs, des cuisiniers ou encore des femmes de chambre.

Pour les responsables des palaces, il s’agit d’une concurrence déloyale. "Le marché parisien va être très dur. Il faudrait être naïf pour penser que ce ne sera pas difficile", explique ainsi Didier le Calvez, PDG du Bristol, dont le chiffre d'affaires a reculé de 20 % au premier semestre avec un taux d'occupation tombé à 61,2 %, contre 69,2 % un an plus tôt. Selon lui, la plateforme bénéficie d'un traitement fiscal et réglementaire avantageux. Il entend ainsi faire des propositions au gouvernement d'ici la fin de l'année afin que "les règles du jeu soient plus équilibrées".

De leur côté, les dirigeants d'Airbnb en France contestent cette analyse et affirment que le marché de la location entre particuliers est organisé dans le pays, en particulier depuis le vote de la loi Alur qui permet notamment à un particulier de louer sa résidence principale jusqu'à quatre mois par an.

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Une industrie en souffrance

Mais les palaces parisiens s’inquiètent particulièrement dans un climat touristique morose. Les attentats de janvier contre Charlie Hebdo ont fait fuir la clientèle moyen-orientale, particulièrement friande des suites de ces établissements hors normes. La clientèle américaine, autre pilier des palaces de la capitale, est également moins présente, sans parler de la chute du tourisme russe, pour cause de baisse du rouble, et de la désaffection des Brésiliens aux prises avec la crise économique qui frappe leur pays.

"L'industrie souffre (...) Le Moyen-Orient boude la France, il y a aussi chez les Américains le sentiment d'un antisémitisme latent en France", souligne Didier le Calvez.

Les établissements de luxe sont aussi affolés à l’idée de voir la multiplication des plateformes entre particuliers. D’autres sites, comme le Collectionist, proposent déjà à la location, sur le modèle d'Airbnb, des appartements de prestige appartenant à des particuliers. "Il est évident qu'une partie de la clientèle, surtout familiale, quittera les palaces", estime José Silva, directeur général du Four Seasons George V et vice-président régional des Four Seasons de Genève et Lisbonne. D’après ce dernier, le palace, qui compte parmi les plus célèbres du monde, pourrait perdre à terme environ 10 % de sa clientèle.

La forte augmentation des capacités hôtelières bouleversent aussi durablement le marché. Alors que la capitale comptait sept palaces historiques en 2008, les ouvertures du Shangri-La, du Mandarin Oriental et enfin du Peninsula ont rendu plus impitoyable la concurrence. Le secteur redoute par ailleurs la réouverture de deux mythiques adresses fermées pour rénovation : celle du Crillon en 2017 et surtout celle du Ritz fin 2015.

Au total, avec l’ouverture du Cheval Blanc et ses 200 chambres prévues normalement en 2018 à la place de la Samaritaine, propriété de LVMH, l’offre des palaces parisiens aura augmenté de plus de 60 % entre 2008 et 2018.

Avec Reuters