
L'Église de scientologie est jugée à Paris pour escroquerie en bande organisée. À l'origine de l'affaire, la plainte d'une femme qui a déboursé quelque 20 000 euros pour pouvoir suivre des cours dispensés par l'organisation.
Les jours de l’Église de scientologie en France sont peut-être comptés. À partir de ce lundi, l’Association spirituelle de l’Église de scientologie-Celebrity Center (Ases-CC), la principale structure hexagonale de l’organisation fondée en 1954 aux États-Unis par l’écrivain de science-fiction Ron L. Hubbard, est poursuivie en tant que personne morale devant le tribunal correctionnel de Paris, où elle va devoir répondre "d’escroquerie en bande organisée".
Sept de ses adeptes - certains également mis en examen pour "exercice illégal de la pharmacie" - ainsi que sa librairie phare, Scientologie espace liberté, située dans le XVIIe arrondissement de la capitale, seront également présents dans le box des accusés.
L’originalité de ce procès ne tient pas tant à la comparution du mouvement ou de certains de ses responsables devant la justice française - ils y ont déjà été confrontés à quatre reprises, en 1978, 1997, 1999 et 2003 -, qu’à la peine qu’ils encourent en cas de condamnation. Pour la première fois, ils risquent une amende de 5 millions d’euros. L’organisation encourt, quant à elle, la dissolution.
Période de vulnérabilité
Sur le banc des parties civiles, deux plaignantes vont prendre place aux côtés du Conseil national de l’ordre des pharmaciens : Aude-Claire Malton et Nelly Reziga, d’anciennes fidèles qui ont lancé la procédure il y a une dizaine d’années. D’autres personnes avaient initialement fait la même démarche, mais elles ont depuis retiré leur plainte, après avoir trouvé un arrangement financier avec l’organisation.
Si, en France, où elle revendique entre 4 000 et 5 000 membres, l’Église de scientologie est considérée comme une secte - contrairement aux États-Unis où elle bénéficie du statut de religion -, le procès qui lui est intenté aujourd’hui n’a pas pour objet de statuer sur ce point. Il se cantonnera simplement à dire si les plaignants, qui ont versé jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros à l’association en s’inscrivant à des "cours de communication" ou en achetant différents "packs de purification", ont été abusés alors qu’ils traversaient une période de "vulnérabilité" au cours de laquelle ils étaient faciles à manipuler. La décision est attendue le10 juin.