Le FMI veut un allègement de la dette grecque et l'a de nouveau fait savoir jeudi. Sans cela, et un paquet "complet" de réformes à Athènes, l'institution de Christine Lagarde ne participera pas au plan d'aide.
Le FMI a jeté une nouvelle ombre sur le plan d'aide à la Grèce en affirmant, jeudi 30 juillet, que sa participation était en suspens et le resterait sans engagement "concret" des Européens à alléger la dette d'Athènes. C'est la deuxième fois que l’institution financière mentionne cette exigence, y ajoutant cette fois l'adoption, par Athènes, d’un paquet "complet" de réformes, selon un haut cadre de l'institution.
"De décisions difficiles sont requises des deux côtés [et] le FMI ne participera qu'une fois que ces deux conditions seront remplies", a mis en garde ce responsable sous couvert de l'anonymat, assurant toutefois que cela "prendra du temps", sans doute plusieurs mois.
Cette réserve pourrait poser un problème de taille à certains pays européens, Allemagne en tête, qui ont fait de la participation du FMI une des conditions à un possible plan d'aide de quelque 86 milliards d'euros à Athènes.
Exigences sur la dette
Dans la foulée de l'accord-cadre du 13 juillet, des discussions ont certes commencé cette semaine à Athènes entre la Grèce et ses créanciers dans un climat d'incertitude politique et avec le couperet de la date-limite du 20 août. Mais, selon le FMI, ces négociations n'aborderont pas les questions "cruciales" conditionnant son implication dans le plan d'aide.
La question de la dette restera ainsi hors des discussions alors qu'elle est centrale pour le FMI, dont les statuts interdisent d’accorder des prêts à un pays si sa dette n'est pas jugée "soutenable". Or la dette grecque, qui flirte avec les 170 % de son Produit intérieur brut (PIB), ne pourrait remplir les critères du FMI que si les Européens consentent un allègement "important", a redit la patronne de l'institution Christine Lagarde, mercredi 29 juillet. "Un volet de restructuration de dette est inévitable", a-t-elle répété.
D'abord très réticents, les membres de la zone euro se rallient peu à peu à l'idée d'un allègement de la dette grecque même si ses modalités et son ampleur restent encore floues. Selon son haut responsable, le FMI a donc à terme besoin de plus de clarté et exigera un engagement "concret et explicite" des créanciers dans ce domaine.
Incertitude politique
À Athènes, des élections générales anticipées pourraient être convoquées. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a officiellement proposé jeudi aux membres de Syriza, le parti de gauche radicale qu'il dirige, la tenue d'un congrès extraordinaire en septembre pour définir une position commune vis-à-vis de l'accord avec les créanciers du pays, contesté par une minorité interne.
Si sa ligne l'emporte, Tsipras pourra exiger des opposants le respect des décisions de la majorité et une discipline de vote au Parlement. "Si certains pensent qu'un autre Premier ministre, un autre gouvernement peut faire mieux, qu'ils le disent ouvertement', a-t-il lancé à l'adresse de ses opposants internes.
Les frondeurs de Syriza refusent d'attendre, comme le souhaite Tsipras, que soient finalisées les négociations en cours avec les représentants de l'UE et du FMI pour clarifier l'équilibre des forces au sein du parti.
Avec AFP