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Menace d'un Grexit : les plans B - et le système D - étaient dans les cartons

Depuis quelques jours, la presse grecque recense - avec une certaine délectation - les scénarios rocambolesques échafaudés par certains membres du gouvernement hellénique pour faire face une sortie du pays de la zone euro.

En dépit du nouveau plan de sauvetage dont Athènes va bénéficier, la Grèce continue de faire peur en Europe. Les révélations parues ces derniers jours dans la presse grecque ne sont pas de nature à apaiser la situation. Dignes des meilleurs romans d'espionnage, elles montrent des responsables politiques prêts à tout pour contourner la pression des bailleurs.

• Le plan de Yanis Varoufakis : instaurer un "système bancaire parallèle"

Le scénario, digne d’un film hollywoodien, a pour personnage principal Yanis Varoufakis, ex-ministre des Finances du gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras. Dimanche 26 juillet, le quotidien grec de centre-droit "Kathimerini" dévoile le pot-aux-roses : "Varoufakis affirme qu’il avait obtenu l’autorisation de préparer un système bancaire parallèle." Le journal s’appuie sur l’enregistrement d’une téléconférence organisée par le Forum officiel des institutions financières et monétaires (OMFIF) à laquelle participait Yanis Varoufakis le 16 juillet, soit dix jours après sa démission du gouvernement.

Durant la discussion, Yanis Varoufakis explique que, face à l’issue incertaine des négociations avec les créanciers sur le renflouement des finances grecques, il a travaillé avec une "équipe restreinte qui devait rester secrète pour des raisons évidentes", sur un "plan B" pour contourner la Banque centrale européenne si le pays venait à se trouver en manque de liquidités. En décembre, un mois avant la victoire de Syriza aux législatives, le futur Premier ministre Alexis Tspiras lui avait donné son feu vert pour la conception d’un tel système, affirme-t-il.

Dans l’idée, il s’agissait de "créer clandestinement un compte parallèle relié au numéro fiscal de chaque contribuable". Si nécessaire, ce système aurait permis à chaque particulier ou entreprise de régler ses dépenses ou payer ses impôts. Une application mobile avait même été envisagée. Concrètement, les particuliers se seraient connectés avec leurs identifiants sur le site de l’administration fiscale qui serait devenu une banque en ligne. L’idée était aussi d’éviter le recours à l’impression de drachmes, les presses ayant été détruites après le passage à l’euro.

Encore fallait-il avoir accès au Trésor public grec, scruté par les bailleurs. Le système D appelant le système D, Yanis Varoufakis a autorisé l'un de ses amis, spécialiste en technologies de l’université de Columbia, à "hacker le système informatique de [son] propre ministère afin de pouvoir copier le code du site des impôts sur un ordinateur dans son bureau". Ce geste, nécessaire selon Varoufakis pour ne pas éveiller les soupçons des créanciers, pourrait valoir à l’ancien ministre des Finances d’être traîné en justice pour vol de données et "trahison". Aussi, lors de cette fameuse téléconférence, Varoufakis avait demandé à ses interlocuteurs de garder le secret. Peine perdue.

Dimanche, Varoufakis, au pied du mur, a confirmé le contenu de la discussion. Il affirmé au quotidien britannique "The Telegraph" avoir cherché un moyen de contourner l’étranglement financier imposé par la Banque centrale européenne. "J’ai toujours été totalement opposé à un démantèlement de l’euro, car nous ne savons pas quelles forces occultes cela pourrait libérer en Europe", a-t-il en outre assuré sur son blog.

• Le plan d’Alexis Tsipras : demander l’aide financière de la Russie pour imprimer des drachmes

La "capitulation" d’Alexis Tsipras face aux créanciers, au lendemain du référendum, a surpris. Selon le quotidien grec "To Vima", journal de référence situé à droite de l'échiquier politique, elle pourrait s’expliquer par un "niet" du président russe Vladimir Poutine à Alexis Tsipras.

Selon le journal, repris par le quotidien suisse "Le Temps", le Premier ministre grec avait sollicité le chef du Kremlin pour financer l’impression d’une nouvelle drachme. Le site Greek Reporter croit savoir qu’Athènes aurait très précisément demandé à Moscou un prêt de 10 milliards de dollars – une monnaie forte.

Le blog Zero Hedge, spécialisé dans la finance à Wall Street, résume : "En somme, le gouvernement Tsipras aurait demandé à la Russie de financer un ‘Grexit’."

Mais dans la nuit du référendum, le 5 juillet, Vladimir Poutine aurait signifié son refus. Le gouvernement russe n’aurait proposé qu’une avance de cinq milliards de dollars, explique "Le Temps". Dans ces conditions, malgré l’appui du peuple grec, Alexis Tsipras n’aurait plus eu d’autre choix que d’accepter le plan d’austérité des créanciers. Ce qu’il a fait.

• Le plan de l’ancien ministre de l’Énergie : des raids sur l’imprimerie des euros à Athènes

Ce scénario, rapporté lui aussi dans la presse grecque, demeure invérifiable. L’ancien ministre de l’Énergie, Panagiotis Lafazanis, chef de file des dissidents de Syriza, aurait envisagé d’organiser des raids sur l'imprimerie de la monnaie unique à Athènes. Son objectif : réquisitionner les liquidités en euro pour garantir des réserves de change en vue d'un retour à la drachme, qu’il appelait de ses vœux.