L'attente se poursuit : alors qu'ils devaient statuer jeudi sur le sort du patient tétraplégique Vincent Lambert, les médecins du CHU de Reims ne se sont pas prononcés et vont saisir le procureur après avoir eu vent de "projets d'enlèvement".
Alors qu’une décision était attendue jeudi 23 juillet à 14 heures, les médecins du CHU de Reims chargés de statuer sur le cas de Vincent Lambert ne se sont finalement pas prononcés sur l'arrêt des soins procurés à leur patient tétraplégique, les conditions de "sérénité et de sécurité" n'étant selon eux pas réunies.
Ils ont annoncé vouloir saisir le procureur pour que soit désigné un représentant légal du patient, après avoir eu vent de projets d'enlèvement, selon des déclarations de membres de la famille à l’AFP.
"Le médecin en charge de Vincent Lambert a décidé de suspendre la procédure collégiale placée sous sa responsabilité", indique le CHU dans un communiqué. Il estime que "les conditions de sérénité et de sécurité nécessaires à la poursuite de cette procédure, tant pour Vincent Lambert que pour l'équipe soignante, ne sont pas réunies".
Vincent Lambert, ancien infirmier de 38 ans, a été victime d'un accident de la route en 2008. Par deux fois, les médecins avaient décidé d'un arrêt des soins, ce qu'ont validé le Conseil d'Etat et la Cour européenne des droits de l'homme mais qu'une partie de la famille conteste.
"L'évaluation de Vincent Lambert a conduit à constater que la situation clinique était comparable à celle qui avait été rapportée par les experts mandatés par le Conseil d'Etat", note toutefois l'hôpital dans son communiqué.
itMenaces et projet d'enlèvement
Les parents et le demi-frère du patient, qui refusent la fin de l'alimentation de Vincent Lambert, contrairement à une autre partie de la famille et notamment son épouse, ont affirmé devant les journalistes que le docteur Daniela Simon, chargée de mener la procédure, avait fait état de menaces sur son équipe et d'un "projet d'enlèvement".
En conséquence, les médecins souhaitent saisir le procureur de la République "pour mettre Vincent sous protection globale et déterminer un référent qui pourrait le représenter légalement", a déclaré François Lambert, neveu de Vincent, à la sortie du conseil de famille convoqué par l'équipe médicale au CHU de Reims.
"Les conditions d'un échange serein doivent absolument être rétablies dans l'intérêt de Vincent Lambert et de son accompagnement", écrit le CHU de Reims. Les proches de Vincent Lambert s'opposent depuis deux ans par tribunaux interposés ou dans les médias sur le sort de leur époux, fils ou frère, dont le dossier a rouvert le débat sur la fin de vie en France.
La ministre de la Santé Marisol Touraine a apporté "tout son soutien à l'équipe soignante de Vincent Lambert", dans une déclaration écrite transmise jeudi à l'AFP. "L'équipe soignante n'a pas pris cette décision parce qu'elle refuse d'arrêter le traitement de Vincent Lambert (...). Mais parce qu'elle considère que les conditions de sécurité et de sérénité nécessaires pour mettre en oeuvre ce type de décision ne sont pas réunies", a expliqué la ministre.
Avec AFP et Reuters