
Belgrade a exigé samedi des autorités à Sarajevo qu'elles "condamnent publiquement" la "tentative d'assassinat" du Premier ministre Aleksandar Vucic, touché à la tête par un jet de pierre pendant les commémorations du massacre de Srebrenica.
Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic a dû quitter prématurément la cérémonie d'hommage aux victimes du massacre de Srebrenica qui se tenait samedi 11 juillet. Des participants ont, en effet, hué le chef du gouvernement serbe et lancé des pierres dans sa direction, l'obligeant à sortir du mémorial en courant.
Le Premier ministre serbe hué et victime de jets de pierres à Srebrenica
Le responsable serbe a même été touché à la tête par une pierre et ses lunettes ont été cassées, rapporte l'agence officielle Tanjug, citant des correspondant à Srebrenica.
"C'est une attaque choquante et je pense qu'on peut parler de tentative d'assassinat (...) La Bosnie n'a pas été capable d'assurer la sécurité du Premier ministre",a immédiatement réagi le ministre serbe de l'Intérieur, Nebojsa Stefanovic. Le ministère serbe des Affaires étrangères a exigé quant à lui des autorités à Sarajevo qu'elles "condamnent publiquent" la "tentative d'assassinat".
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Aleksandar Vucic venait de déposer une fleur devant un monument portant les noms des plus de 6 200 victimes identifiées et enterrées au mémorial lorsque la foule a commencé à scander Allah Akbar (Dieu est le plus grand) et à lancer des pierres dans sa direction.
Entouré de ses gardes du corps, le Premier ministre a réussi à quitter le mémorial tandis que par hauts-parleurs, les organisateurs lançaient des appels au calme.
Un "crime monstrueux"
Plus tôt dans la matinée, Aleksandar Vucic avait, dans une lettre ouverte, déclaré avant de se rendre à Srebrenica, en Bosnie orientale, qu'il condamnait le "crime monstrueux" commis en 1995.
Sans employer le mot "génocide" pourtant reconnu par la justice internationale, le chef du gouvernement serbe avait souligné qu’il n’y avait "pas de mots que quiconque pourrait prononcer pour exprimer sa tristesse et ses regrets pour les victimes, ni sa colère à l'égard de ceux qui ont commis ce crime monstrueux", avait-t-il écrit.
"La Serbie condamne clairement et sans équivoque ce terrible crime, ne ressent que du dégout pour ceux qui y ont participé et continuera de les poursuivre en justice", avait poursuivi le Premier ministre dans son texte.
Une guerre qui a fait 100 000 morts
À ce jour, 6 241 victimes retrouvées et identifiées ont été enterrées au mémorial de Srebrenica et 230 autres dans d'autres cimetières. La guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-95) a fait 100 000 morts et environ 2 millions de réfugiés, soit près de la moitié de la population à l'époque.
Il y a vingt ans, en juillet 1995, plus de 8 000 hommes et garçons musulmans ont été tués à Srebrenica par les forces serbes bosniennes, la pire tuerie en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'enclave de Srebrenica avait été déclarée zone protégée par l'ONU mais les Casques bleus néerlandais ont été incapables de la défendre.
Un génocide pour la justice internationale
La Russie a opposé mercredi dernier son veto à un projet de résolution des Nations unies reconnaissant le massacre de Srebrenica comme un génocide, qualifiant le texte d'"agressif" et indiquant qu'il menaçait de saper la réconciliation dans la région.
Ce massacre est qualifié de génocide par le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie et la Cour pénale internationale, mais les responsables serbes de Bosnie refusent ce qualificatif.
La Serbie refuse obstinément d'accepter qu'un génocide a été perpétré. Le sujet anime toujours les débats sur la scène politique internationale et reste une question qui empoisonne les relations entre la Serbie et la Bosnie.
Avec AFP