À 16 ans, la joueuse de baseball française Melissa Mayeux rêve de faire voler en éclats la barrière des sexes au sein de la Ligue majeure de baseball aux États-Unis. France 24 est allé à sa rencontre.
Mélissa Mayeux s’apprête a vivre un été intense sur le losange (terrain de baseball , NDLR). Depuis le 29 juin, l’adolescente française participe à un stage de quatre jours en Allemagne, organisé par la Ligue majeure de baseball (Major League Baseball, MLB). Elle rejoindra ensuite son poste au sein de l’équipe de France de baseball - où elle est la seule femme - pour participer au championnat d’Europe des moins de 18 ans en République tchèque. Elle représentera aussi la France au championnat d’Europe de softball féminin. Enfin en août, elle fera partie des quatre élus français à participer au MLB European Elite Camp 2015, à Hoofddorp, aux Pays-Bas, un stage de trois semaines regroupant les joueurs européens les plus prometteurs encadré par des stars de la discipline.
"J’étais super contente parce que c’est quelque chose d’énorme, confesse Mélissa Mayeux à France 24. Participer à un camp de baseball comme celui-là a toujours été mon objectif, même si je ne pensais pas avoir le niveau, raconte-t-elle. Après, ça me fait un peu peur parce que ça prend beaucoup d’ampleur. Je ne m’y attendais vraiment pas. C’est génial mais c’est assez effrayant quand même".
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À ce programme déjà chargé s’ajoutent en plus les nombreuses sollicitations des medias depuis qu’elle est devenue, la semaine dernière, la première femme a être inscrite sur la liste internationale des joueurs de la MLB, et donc à pouvoir en théorie signer un contrat professionnel aux États-Unis. Une option peu probable cependant, en raison de son jeune âge, mais qui ne minimise pas le caractère historique l'événement. Et ce n’est que la première étape d’un long parcours qui pourrait lui permettre de revêtir un jour le maillot d'une franchise de la Ligue majeure de baseball.
"Je ne suis pas sûre de réaliser totalement ce qui se passe. À la base, je voulais juste faire le camp Elite. Je me doutais qu’un article serait écrit sur le site Internet de la fédération française et je pensais que ça s’arrêterait là. Mais après, j’ai vu l’information sur le site de la MLB et tout le monde a repris l’histoire. Ça me fait bizarre, mais ça fait plaisir aussi", souligne l’adolescente.
Un long chemin jusqu’à la MLB
Mélissa, à la chevelure blonde indisciplinée, sourit sincèrement et naturellement lorsqu’on vient la féliciter. Elle n’a que 16 ans mais a déjà le corps d’une athlète. Lorsqu’elle évoque son parcours et ses rêves, son ton posé et clair la font paraître plus mûre que son âge. "La plupart des articles à mon sujet étaient clairs mais il est vrai que sur certains medias américains, on pouvait penser que le 2 juillet je signais avec une équipe en Ligue majeure. En réalité, je reste encore loin de la MLB. Il y a encore beaucoup d’étapes avant d’y arriver. C’est un long chemin".
La carrière de joueuse de baseball de Mélissa Mayeux a commencé à Montigny-le-Bretonneux, en banlieue parisienne. Elle a emboîté le pas à son grand frère Dylan. "Quand j’étais petite, je voulais tout faire comme lui, il a toujours été mon exemple. Il a commencé à jouer à 5 ans. Moi, j’en avais 3 et je l’accompagnais à tous les entraînements. Je quittais ma poussette pour aller jouer avec lui. Du coup, j’ai intégré l'équipe quand j’avais 5 ans".
Elle a passé 10 ans dans l’équipe des Cougars de Montigny-le-Bretonneux et ne tarit pas d’éloges sur le club qui lui a enseigné les fondements de son sport. Au lycée, Mélissa intègre une section sport-études à Toulouse. Aujourd’hui, son frère Dylan continue de jouer pour l’équipe de Montigny, en deuxième division. Il pourrait intégrer les Templiers de Sénart, champions de France en titre, la saison prochaine. Mais, malgré tout, il semble avoir été éclipsé par sa petite sœur. Pas de quoi cependant créer de la jalousie entre eux. "Mon frère a toujours été là pour moi. Il m’a beaucoup appris. Il n’a jamais été jaloux, bien au contraire. Il est très fier de moi et content de ce qui m’arrive", insiste l’adolescente.
Les New York Yankees, son équipe rêvée
Mélissa souhaite continuer à jouer en France jusqu’à ses 18 ans et restera donc à Toulouse les deux prochaines années. Mais pour développer sa technique, elle devra probablement quitter un jour l’Hexagone. Jouer pour une équipe universitaire américaine est une perspective alléchante, même si elle ignore encore quelles études elle poursuivra. Seule certitude pour l’instant, la jeune fille souhaite continuer à jouer aussi longtemps qu’elle le peut et au plus haut niveau possible. "Pour le moment j’avance. On verra bien quand le moment viendra".
Lorsqu’on lui demande dans quel club elle signerait si elle en avait l’opportunité, elle évoque sans hésitation les New York Yankees, la légendaire équipe américaine. Mais avant cela, elle rêve de pouvoir assister à un de leur match, chose qu'elle n'a jamais eu la chance de faire car elle n'est jamais aux États-Unis.
S’il est évident que la France ne gardera pas éternellement la championne sur son sol, Mélissa est très reconnaissante du travail de la fédération pour accroître la visibilité et la popularité de ce sport. Afin de médiatiser davantage le baseball en France et d’accroitre son financement, la fédération place une énergie considérable pour décrocher une place pour l’équipe de France au World Baseball Classic en 2017, équivalent des championnats du monde. En attendant, la récente popularité de Mélissa est une aubaine pour une discipline qui reste méconnue en France.
Et il est tout à fait possible que d’ici à deux ans, Mélissa rejoigne la cour des grands. Elle entrerait alors un peu plus dans l’histoire du baseball en devenant la première femme à jouer ce prestigieux tournoi international, aux côtés de stars comme le Cubain Yasiel Puig ou le Japonais Yu Darvish. "J’ai toujours regardé la compétition à la télé. C’est aussi une sorte de rêve pour moi parce que c’est quelque chose d’énorme. Toutes les équipes du monde sont là pour le titre. Si la France est qualifiée, y participer serait vraiment génial. Je n’ai pas peur de jouer, mais ce sera aux entraîneurs de le décider".
Texte traduit de l'anglais