Seifeddine Rezgui, l'auteur présumé de l'attentat de Sousse qui a fait 38 morts vendredi, était un étudiant apparemment sans histoire. L'amateur de breakdance de 23 ans a suscité la surprise et l'émoi de tous ceux qui le connaissaient.
Qui était réellement Seifeddine Rezgui, l'étudiant tunisien qui a ouvert le feu vendredi sur des touristes d’une plage de Sousse, en Tunisie ? En apparence, ce jeune Tunisien de 23 ans était un jeune homme sans histoire.
Son père, Hakim Rezgui est le premier à être bouleversé par les crimes que son fils a commis. "Je suis choqué, ils ont fait un lavage de cerveau à mon fils, confie le père de l’assassin présumé à France 24. Il faisait de bonnes études, il allait avoir son diplôme, il était cultivé."
Originaire de Gaafour, une petite ville du gouvernorat de Siliana (nord-ouest), il suivait un master professionnel à l'Institut supérieur des études technologiques (Iset) de Kairouan, dans le centre du pays, selon le ministère de l'Intérieur.
Du breakdance au "soldat du califat"
"Un élément inconnu de nos services. Son environnement familial était normal", a déclaré le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui, à la télévision privée El Hiwar Ettounsi. D'où la stupéfaction, dans sa ville et dans les médias, face à ce "terroriste énigmatique" comme l'a qualifié El Hiwar Ettounsi.
Comme beaucoup de voisins, l'oncle de Seifeddine Rezgui, Ali, 71 ans, a fait part de sa stupeur. "En 23 ans, il n'a rien fait d'illégal. Il finissait les cours, il riait, il disait bonjour et il passait son chemin", a-t-il raconté à l'AFP. "Comment s'est-il entraîné ? Où s'est-il entraîné ? Seul Dieu le sait. C'est ça qui nous tourmente maintenant", lâche-t-il.
L'un de ses cousins, Nizar, 32 ans, a assuré que Seifeddine Rezgui se trouvait le jour précédant l'attentat à Gaafour, où il travaillait occasionnellement comme serveur pour financer ses études."Il était normal. Il est venu ici, il a travaillé dans le café, il est rentré chez lui, il est allé prier et il s'est assis avec les gars dans le café", a-t-il affirmé. "Tout Gaafour est surpris", a-t-il insisté.
D'autant plus que beaucoup dressent de lui un portrait très éloigné du "soldat du califat" Abou Yahya al-Qayrawani, tel que l'a appelé lorganisation de l'État islamique dans le communiqué qui a revendiqué l'attentat.
Un jeune de la ville affirme ainsi l'avoir côtoyé au club de danse de la maison de jeunes."C'était un très bon danseur de breakdance", confie le jeune homme à l'AFP sous le couvert de l'anonymat, disant craindre d'être soupçonné de liens avec l'assaillant présumé et d'être arrêté.
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur a confirmé qu'il était "passionné de danse", et des médias locaux ont diffusé une vidéo datant de 2010 dans laquelle un jeune homme casquette sur la tête et collier au cou, qui serait Seifeddine Rezgui -surnommé dans le générique "Seif Sésco"- danse le breakdance.
Un voyage clandestin en Libye ?
Interrogés par des médias tunisiens, plusieurs de ses voisins à Kairouan disent n'avoir rien remarqué d'"anormal" chez lui. Mais il a, selon des habitants de son quartier à Gaafour, perdu un frère l'an dernier, tué par la foudre, et d'après le ministère de l'Intérieur, le jeune homme s'isolait de plus en plus ces derniers temps.
"Dernièrement, ses camarades ont remarqué une espèce de rigorisme, il penchait vers la solitude. Il était plongé dans internet et même à ses amis, il ne voulait pas montrer sur quoi il surfait. Il s'isolait quand il allait sur internet", a assuré Mohamed Ali Aroui.
Si le Premier ministre Habib Essid a indiqué que le passeport de Seifeddine Rezgui ne portait pas de trace de voyages à l'étranger, il n'est pas exclu selon une source de sécurité que le jeune homme se soit rendu en Libye de façon clandestine.
Avec AFP