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La France a dénoncé, mercredi, des "faits inacceptables" des services secrets américains au lendemain des révélations sur les écoutes de trois présidents de la République. La classe politique est en ébullition et demande des mesures de rétorsion.
L’onde de choc s’est propagée à toute vitesse au sein de la classe politique française, mercredi 24 juin, au lendemain des révélations de WikiLeaks selon lesquelles les trois derniers présidents français ont été écoutés par la National Security Agency (NSA) américaine.
À l’issue d’un Conseil de défense réuni mercredi matin par le François Hollande, l’ambassadrice des États-Unis a été convoqué au ministère des Affaires étrangères. Le chef de l’État a rappelé que le sujet des écoutes avait déjà été évoqué avec son homologue américain fin 2013 et début 2014.
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"Il s'agit de faits inacceptables qui ont déjà donné lieu à des mises au point entre les États-Unis et la France, notamment fin 2013 au moment des premières révélations et lors de la visite d'État du Président de la République aux États-Unis en février 2014", selon un communiqué de l’Élysée.
"Des engagements avaient été pris par les autorités américaines. Ils doivent être rappelés et strictement respectés", insiste la présidence. Le coordinateur du renseignement
français, Didier Le Bret, se rendra dans les prochains jours outre-Atlantique "pour faire le point sur l'ensemble des dispositions qui avaient été actées entre la France et les États-Unis", a indiqué Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, lors du compte rendu du conseil des ministres. Le président François Hollande doit s'entretenir avec Barack Obama dans la journée afin de lui demander de réitérer ses engagements sur la fin de l'espionnage des autorités françaises.
Indignation générale
Une fermeté élyséenne qui reste très mesurée et qui tranche avec les réactions indignées de la classe politique française.
L’ancien secrétaire d'État aux Affaires étrangères Les Républicains (LR) Renaud Muselier a ainsi suggéré de "renvoyer" l’ambassadrice américaine, tandis que le sénateur UDI Yves Pozzo di Borgo appelait sur Twitter à "faire détruire la partie de l’ambassade des États-Unis où ont lieu les écoutes".
Pourtant réputé pour ses position pro-américaines, l’ancien secrétaire d’État au Commerce extérieur et député LR Pierre Lellouche a quant à lui dénoncé un "imperium global" des Américains, qui "n’hésitent pas à mettre en réseaux la CIA, la NSA, mais aussi la justice américaine, qui ensuite fait des saisines".
Le Parti socialiste, duquel est issu François Hollande, s’est également insurgé contre l'espionnage de chef d’États alliés. "Il y a dans ces écoutes une paranoïa d'État proprement stupéfiante. Ce n'est pas parce qu'on savait ou se doutait, que ces écoutes massives, systématiques et sans contrôle, sont tolérables", affirme le mouvement dans un communiqué.
Demandes de représailles
Les réactions les plus outrées sont venues de la gauche radicale et de l'extrême droite, où l’on a appelé à un retrait pur et simple des discussions en cours sur le Traité transatlantique de partenariat commercial entre les États-Unis et l’Europe (TAFTA).
Le co-fondateur du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, a noté que l’espionnage des présidents français s’était poursuivi après le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, en 2009. "Les bisounours du pro-américanisme primaire sont les idiots du village", a affirmé le leader d’extrême-gauche, tout en demandant l’asile et la nationalité française pour les lanceurs d’alerte Edward Snowden et Julien Assange.
La dirigeante du Front national, Marine Le Pen, a quant à elle appelé les Français à "prendre conscience que les États-Unis [...] ne sont pas un pays allié ou ami". La France doit "envoyer un signal fort en se retirant dès aujourd'hui des discussions en cours sur le funeste traité transatlantique", a-t-elle conclu.
Face à cette vague d’indignation allant de l’extrême gauche à l’extrême droite du spectre politique, François Hollande a annoncé une réunion, mercredi à 12h15, d’une vingtaine de responsables parlementaires à l'Elysée "pour faire le point" sur les écoutes américaines.
Avec AFP